Développement personnel
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L’effet Mandela : quand la mémoire fait défaut

L’effet Mandela : quand la mémoire fait défaut
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Ilaria Rachele Radaelli
La Rédaction
Psychothérapeute spécialisée en thérapie psychanalytique
Unobravo
publié le
10.6.2024

Chacun d’entre nous dispose d’un outil puissant et extraordinaire : notre cerveau. En effet, ce puissant organe est capable d’organiser et coordonner toutes les fonctions du corps et de gérer les pensées, les paroles et les émotions. Notre esprit enregistre plus ou moins consciemment chaque moment de notre vie, chaque détail, même le plus insignifiant. Mais il peut parfois arriver que notre mémoire commette des erreurs.

Nous avons tous éprouvé au moins une fois dans notre vie le sentiment d’avoir déjà vécu une situation particulière. De même qu’il peut arriver de découvrir qu’un souvenir dont on était certain n’était pas vrai. En psychologie, le phénomène des faux souvenirs est connu comme « effet Mandela ».

Qu’est-ce que l’effet Mandela

Dans le domaine psychologique, bien que l’on ne puisse pas parler d’un véritable « syndrome » de Mandela, l’effet est décrit comme le phénomène par lequel, en raison d’un déficit de mémoire, le cerveau a tendance à recourir à des explications plausibles (jusqu’à se convaincre d’une chose qui n’est pas vraie), afin de ne pas laisser des points d’interrogation ou des détails en suspens lorsqu’il explique un événement.

Le faux souvenir, connu également comme « confabulation » en psychologie, est donc un souvenir qui provient d’une invention ou même des souvenirs partiels. L’effet Mandela peut également être créé en structurant des fragments d’expériences qui sont rassemblés sous la forme d’un souvenir unifié.

Le nom du phénomène Mandela provient d’un incident survenu à l’auteure Fiona Broome en 2009, lors d’une conférence sur la mort de Nelson Mandela, qu’elle croyait avoir eu lieu en prison dans les années 1980. Fiona Broome était convaincue de se souvenir de la disparition de l'ex-président de l’Afrique du Sud, souvenir soutenu par des récits partagés avec d’autres personnes et enrichi par des détails précis.

Au fil du temps, l’effet Mandela a aussi été une source d’étude et de curiosité artistique. En 2019 est paru le film The Mandela Effect, où l’effet Mandela inspire l’histoire de science-fiction dans laquelle le protagoniste, après la mort de sa jeune fille, devient obsédé par des souvenirs personnels qui ne semblent pas coïncider avec les preuves documentaires.

Les faux souvenirs : 6 exemples de l’effet Mandela

Dans notre vie quotidienne, nous pouvons trouver de nombreux exemples de cet effet qui porte le nom de Nelson Mandela. En voici quelques-uns parmi les plus célèbres :

  1. Combien d’entre vous, par exemple, se souviennent du bonhomme du Monopoly ? Beaucoup de personnes ont le souvenir du bonhomme du Monopoly portant un monocle, mais l’icône ne le porte pas en vrai !
  2. Pensez à l’image de Mickey Mouse… Porte-t-il un paire de bretelles ? Vous diriez probablement oui, mais ce n’est pas le cas. Mickey Mouse ne porte pas de bretelles et c’est ici que l’effet Mandela est aussi présent.
  3. La célèbre phrase de Blanche Neige « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? » subit aussi l’effet Mandela, parce que la phrase est en vérité « Miroir magique, au mur, qui a une beauté parfaite et pure ? ».
  4. La célèbre phrase « Luke, je suis ton père » de Star Wars n’a jamais été prononcée de cette façon. En réalité, le prénom de Luke n'est mentionné à aucun moment. Parmi les exemples de faux souvenirs, cette phrase de Star Wars est probablement un des exemples les plus connus de l’effet Mandela.
  5. En Juillet 1989, un homme s’est opposé aux chars dans la place Tien-An-Men en Chine. Beaucoup de personnes seraient prêtes à affirmer que les chars ont fini par écraser cet homme courageux. Mais cela n’a jamais eu lieu, comme le montrent les nombreuses vidéos documentant l’événement.
  6. Imaginez-vous un trait d’union entre les deux mots de la marque « KitKat » ? Vous n’êtes pas seul ! En imaginant son emballage, un grand nombre de personnes est persuadé que le nom KitKat est divisé en deux, bien qu’évidemment il n’ait jamais été le cas.

L’effet Mandela, comme on peut voir dans ces exemples, se produit quand un grand groupe de personnes se rappelle de choses qui sont en réalité très diverses ou de faits qui n’ont même pas eu lieu.

L'image de Mickey Mouse portant des bretelles est un example de effet Mandela
Skitterphoto - Pexels

L’effet Mandela, le CERN et la physique quantique

Parmi les différentes théories développées pour tenter d’expliquer le syndrome des faux souvenirs, on peut citer celles liées aux expériences du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) et aux hypothèses sur les univers parallèles.

Max Loughan, un jeune scientifique américain, affirme que notre univers a été détruit et que nous nous trouvons dans un univers parallèle. La théorie de Max Loughan concerne des expériences menées au CERN en Suisse. D’après le jeune scientifique :

  • le centre a détruit notre univers au cours des dernières expériences ;
  • la réalité dans laquelle nous vivons aurait littéralement implosée ;
  • nous nous retrouverions tous dans un monde parallèle, semblable à l’original.

Ces arguments pourraient expliquer le phénomène de l’effet Mandela, selon lequel les divergences entre la réalité et la mémoire seraient dues au développement de la réalité dans une infinité d’univers parallèles.

La conscience serait capable de se déplacer entre les différents univers, et ce dont nous nous rappelons serait donc une dissociation entre ce qui s’est vraiment passé et les expériences de l’esprit dans les différentes dimensions.

Les souvenirs ne seraient pas forcément des faux souvenirs, mais des vrais souvenirs d’expériences faites dans une réalité parallèle.

Toutefois, il est important de souligner que, bien que fascinantes, ces théories ne sont validées par aucune preuve scientifique.

L’effet Mandela en psychologie et en psychiatrie 

Comme indiqué à plusieurs reprises, l’effet Mandela est à l’origine d’une distorsion de la mémoire qui conduit à se souvenir de faits qui n’ont jamais eu lieu, créant ainsi le syndrome des faux souvenirs.

Ce phénomène a des explications plausibles dans le domaine de la psychologie, bien qu’il n’existe pas non plus d’explications définitives. Comme dit précédemment, l’effet Mandela pourrait être dû à des erreurs dans le processus de retraitement des souvenirs, au cours duquel l’esprit a tendance à insérer des notions pour remplir les informations manquantes :

  • plausiblement vraies ou considérées comme telles par suggestion ;
  • lues ou entendues et qui semblent vraisemblables, c’est-à-dire des confabulations.

La confabulation et ses causes

D’après la définition du dictionnaire Larousse, la confabulation est un « trouble de la mémoire se manifestant comme une fabulation dite “ compensatrice ” des lacunes amnésiques intéressant surtout le présent ou le passé récent, lors des amnésies globales du type syndrome de Korsakov. »

L'esprit humain, pour tenter de combler les trous de mémoire, a donc recours à des idées plausibles, prises pour des événements réels, afin d'installer de faux souvenirs dans la mémoire. La théorie des traces floues se fonde sur le fait que notre mémoire capte tous les détails et toutes les significations d'un événement. Par conséquent, dès qu'une signification de quelque chose qui n'a jamais eu lieu se superpose à une expérience réelle, le faux souvenir se forme.

Sur le plan psychologique, l’explication la plus réaliste semble donc être que l’effet Mandela puisse résulter d’un déficit de mémoire et que celui puisse être surmonté en structurant les souvenirs avec l’aide de fragments d’autres souvenirs ou informations, qui ne sont pas nécessairement vrais. Le mécanisme de la confabulation est étudié en psychiatrie et en neuropsychologie, et il peut être appliqué à certaines pathologies.

Par exemple, les cas de démence, d’amnésie ou de traumatisme grave trouveraient une confirmation dans la confabulation. Il s’agit d’une sorte de reconstruction provoquée, qui se crée naturellement dans le seul but de combler des trous. Le matériel utilisé n’est rien d’autre que l’enchaînement le plus probable des événements ou l’explication la plus évidente.

La confabulation : l’approche de la psychologie sociale

Quelques études de psychologie sociale font le lien entre l’effet Mandela et le concept de mémoire collective : les faux souvenirs seraient donc liés à l’interprétation de la réalité par le biais du sentiment commun, c’est-à-dire une interprétation qui préfère parfois se fonder sur ce que les masses pensent ou sur la façon dont elles perçoivent et traitent une information.

Notre mémoire n’est pas 100 % fiable : c’est précisément pour cette raison que nous préférons parfois participer et répondre à des sujets que nous ne connaissons pas de la même manière que le ferait la plupart de la communauté. Ce qui, par conséquent, nous amène parfois à nous convaincre de quelque chose au lieu de vérifier sa véracité.

La psychothérapie peut aider à reconnaître les faux souvenirs et comprendre ses causes
Anna Shvets - Pexels

L’effet Mandela et la thérapie psychologique

Cependant le phénomène ne fait partie d’aucune classification diagnostique, les caractéristiques de l’effet Mandela, surtout lorsqu’elles sont associées à des troubles, peuvent générer une grande souffrance. Par exemple, la honte et la peur de perdre le contrôle de soi et de sa mémoire peuvent être accompagnées par des expériences de solitude.

En psychothérapie, les faux souvenirs se manifestent aussi dans d’autres cas tels que le gaslighting, qui fait qu’une personne croit que sa mémoire est défaillante parce qu’elle est manipulée. Dans d’autres cas, les faux souvenirs peuvent être générés par les effets des drogues sur le cerveau, par exemple en cas d’abus prolongé de cannabis. Consulter un psychologue et prendre soin de soi peut s’avérer une bonne solution pour faire face au problème avant qu’il ne devienne plus grave. La psychothérapie, y compris la thérapie à distance avec un psychologue en ligne, peut être utile pour :

  • reconnaître les faux souvenirs ;
  • comprendre ses causes.

Cela permet de prendre conscience sur certains mécanismes implicites et de travailler sur des éventuels sentiments d’insuffisance ainsi que sur l’acceptation de soi-même.

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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