Le concept de mécanisme de défense en psychologie désigne un mécanisme d'autodéfense propre à notre esprit. Mais quels sont les mécanismes de défense en psychologie ? C'est ce que nous allons découvrir dans cet article.
Mécanisme de défense : définition
En psychologie, les mécanismes de défense sont considérés comme des processus fondamentaux pour la compréhension de nous-mêmes et de notre fonctionnement. Ils sont activés dans diverses circonstances et ne doivent pas toujours être considérés comme quelque chose de négatif ou de pathologique. Le mécanisme de défense est défini dans le DSM-5-TR comme une réponse psychologique automatique à des événements stressants internes ou externes, ou à un conflit émotionnel.
On pourrait penser que le coping et le mécanisme de défense sont identiques, mais ce n'est pas tout à fait le cas. La différence entre les mécanismes de défense et les stratégies de coping réside dans le fait que ces dernières sont des stratégies par lesquelles l'individu réagit aux événements externes qui causent du stress. Le mécanisme de défense, quant à lui, est une stratégie de protection contre la détresse principalement liée à des événements intrapsychiques.
Brève histoire des mécanismes de défense
Le concept de mécanismes de défense trouve son origine dans la psychanalyse. Sigmund Freud, en 1894, a été le premier à conceptualiser les mécanismes de défense pour expliquer le fonctionnement de l'inconscient. Par la suite, l'étude de ce concept a été largement explorée par d'autres auteurs, psychanalystes et autres.
Les mécanismes de défense et Freud
Qu’est-ce qu’un mécanisme de défense d’après Sigmund Freud ? Selon la définition de mécanisme de défense du père de la psychanalyse, un mécanisme de défense est un processus inconscient par lequel le moi se protège afin d'éviter la survenue d'un traumatisme.
Selon Freud, les mécanismes de défense servent à interdire à la conscience l'accès à la représentation psychique d'une pulsion et seraient des mécanismes pathogènes, c'est-à-dire à l'origine de la psychopathologie, qui correspondrait au retour du refoulé. Contrairement à ce qu'affirment plus tard d'autres auteurs, l'angoisse serait pour Freud la cause (et non le résultat) des mécanismes de défense.
Anna Freud et les mécanismes de défense
Pour Anna Freud, les mécanismes de défense (qu'elle aborde dans son livre Le moi et les mécanismes de défense publié en 1936) ne sont pas seulement un processus pathologique, mais aussi un processus adaptatif et sont fondamentaux pour la formation de la personnalité. Anna Freud a eu le mérite d'élargir le concept de « défense » et parmi les mécanismes de défense qu’elle a introduits figurent la sublimation, l'identification à l'agresseur et l'altruisme.
En ce qui concerne leur apparition, Anna Freud ordonne les mécanismes de défense selon une ligne évolutive : parmi les premiers à être utilisés figure, par exemple, la régression. Apparaissent ensuite la projection-introjection (lorsque le moi est suffisamment différencié du monde extérieur), le retrait (qui présuppose une distinction entre le moi et le ça) et la sublimation (qui nécessite la formation du surmoi). La théorie d'Anna Freud permet ainsi de comprendre la différence entre les mécanismes de défense primitifs et matures.

Les mécanismes de défense d’après Melanie Klein
M. Klein a particulièrement étudié les défenses primitives, qui seraient typiques de la psychose, en introduisant le mécanisme de défense de l'identification projective. Pour Klein, les mécanismes de défense ne sont pas seulement des défenses du moi, mais constituent des véritables principes organisateurs de la vie psychique.
Otto Kernberg et les mécanismes de défense
Otto Kernberg a tenté de faire une synthèse des théories sur les mécanismes de défense psychologiques qui l'ont précédé. Il distingue les défenses de haut niveau (dont le retrait, l'intellectualisation et la rationalisation), lesquelles témoigneraient de la formation d'un ego mature, et les défenses de bas niveau (dont le dédoublement, la projection et le déni). Selon Kernberg, la prévalence de ces derniers mécanismes de défense indique une organisation borderline de la personnalité.
Les mécanismes de défense d’après George Eman Vaillant
Comme Anna Freud, la classification des mécanismes de défense de Vaillant s'inscrit également dans un continuum, basé sur deux dimensions :
- maturité-immaturité,
- santé mentale-pathologie.
Vaillant a distingué quatre niveaux de défense, dont voici quelques exemples :
- les défenses narcissiques-psychotiques (projection délirante, déni) ;
- les défenses immatures (passage à l'acte, dissociation) ;
- les défenses névrotiques (retrait, déplacement, formation réactive) ;
- les défenses matures (humour, altruisme, sublimation).
Le concept du mécanisme de défense d’après Nancy McWilliams
Nancy McWilliams affirme que l'utilisation des défenses est importante non seulement en termes défensifs, pour le maintien de l'estime de soi, mais aussi pour parvenir à une adaptation saine à la réalité. Ces mécanismes de défense sont structurés différemment pour chacun d'entre nous. L'utilisation préférentielle et automatique des défenses est déterminée par un large éventail d'éléments et peut varier en fonction d'un certain nombre de facteurs, notamment :
- nos caractéristiques et ressources internes,
- les expériences vécues lors de la première enfance,
- l'impact généré par l'utilisation de ces défenses psychologiques,
- le type de défense mise en pratique par nos figures de référence.

Quel est le but des mécanismes de défense ?
Les mécanismes de défense peuvent être décrits comme des processus inconscients et automatiques que notre cerveau met en place pour se protéger de la détresse et de la prise de conscience d'éventuels dangers ou facteurs de stress, tant internes qu'externes. Ils activent certaines réactions à la suite d'un événement, interne ou externe, perçu comme particulièrement intolérable ou inacceptable pour la conscience.
Qu'entend-on par mécanisme de défense ? Il s'agit de « stratagèmes » qui :
- nous empêchent de ressentir de l'angoisse chaque fois que nous nous sentons menacés ou en danger ;
- nous permettent de faire face à ce qui nous arrive d'une manière plus acceptable.
D’autres fonctions des mécanismes de défense
En outre, les mécanismes de défense :
- protègent la personne de la détresse en supprimant toutes les sources susceptibles d'engendrer du stress, des conflits ou d'autres expériences émotionnelles désorganisées ;
- permettent de préserver l'estime de soi et de s'adapter à son environnement. Ce processus d'adaptation durera toute la vie.
Les défenses peuvent donc être des signaux d'adaptation et de maladaptation :
- dans le premier cas, elles nous permettent de vivre la réalité qui nous entoure avec un certain degré de flexibilité et d'harmonie ;
- dans le second cas, elles se manifestent de manière récurrente, omniprésente et avec un certain degré de rigidité.
Le moi et les mécanismes de défense : liste de défenses primaires et secondaires
Quels sont les mécanismes de défense ? Les mécanismes de défense sont généralement classés de manière hiérarchique. En effet, les théoriciens de la psychanalyse s'accordent sur l'idée que certaines défenses psychologiques sont évolutivement moins matures et donc moins adaptatives que d'autres.
Sur cette base, les défenses pourraient être classées le long d'un continuum, ce qui permettrait d'identifier les défenses les plus adaptatives et évoluées, ainsi que celles qui sont les plus primitives. Examinons quelques exemples de mécanismes de défense, en distinguant les défenses primaires (immatures ou primitives) des défenses secondaires (matures ou évoluées).
Les défenses primaires ou immatures
Ils impliquent un manque de capacité de la part de l'individu à faire la différence entre le soi et le monde qui l'entoure, c'est pourquoi on les appelle aussi des mécanismes de défense psychotiques. Quels sont les mécanismes de défense primaires ?
Examinons quelques exemples de mécanismes de défense du moi qui relèvent des défenses primitives :
- L'introjection : un mécanisme de défense par lequel la personne assimile un objet extérieur à elle-même (exemple : identification à l'agresseur).
- La projection : un mécanisme de défense par lequel l'individu attribue ses sentiments ou ses pensées à d'autres.
- L'idéalisation-dévalorisation : ce mécanisme de défense consiste à attribuer des caractéristiques exagérément positives ou négatives à soi-même ou aux autres.
- Le dédoublement : il s'agit d'un mécanisme de défense qui consiste à séparer les aspects positifs et négatifs de soi-même ou des autres, qui sont considérés (alternativement) comme totalement bons ou totalement mauvais.
- Le déni : un mécanisme de défense qui permet de rejeter complètement certains faits parce qu'ils sont trop douloureux.
- L'identification projective : ce mécanisme de défense amène la personne à projeter sur l'autre ses propres sentiments, dont elle reste parfaitement consciente. Un exemple est celui d'un fils adolescent qui dit « personne ne me comprend » sur un ton hostile, justifiant ainsi son propre comportement et supposant que les autres lui sont également hostiles.
- Le passage à l'acte : un mécanisme de défense par lequel l'expression des conflits internes se fait par le biais d'actions.

Les défenses secondaires ou matures
Les mécanismes de défense matures impliquent diverses adaptations à la réalité extérieure et se réfèrent notamment à nos limites internes, également appelées instances psychiques. Quels sont les principaux mécanismes de défense secondaires ?
Voici une liste de quelques-uns d'entre eux, accompagnés d'exemples pratiques de leur fonctionnement :
- Le refoulement : un mécanisme de défense opéré par la censure du surmoi, par lequel nous ne sommes pas conscients des désirs ou des pensées dérangeants, qui sont exclus de la conscience.
- L'isolement : ce mécanisme de défense amène la personne à séparer la cognition et les émotions. Par exemple, une personne souffrant du syndrome de stress post-traumatique peut être consciente du traumatisme et être capable de le raconter en détail, tout en étant incapable d'entrer en contact avec une quelconque émotion (anesthésie émotionnelle).
- La rationalisation : ce mécanisme de défense consiste à recourir à des explications rassurantes (mais inexactes) de son comportement, afin de cacher les véritables motifs qui, s'ils étaient connus, généreraient un conflit. Voici un exemple : un étudiant mal préparé échoue à un examen et raconte à sa famille que le professeur l'a pénalisé.
- La régression : un mécanisme de défense proposé par Anna Freud qui implique un retour involontaire à des modes de fonctionnement appartenant à un stade antérieur du développement. Un exemple de ce mécanisme de défense est qu’un enfant stressé par la naissance de son petit frère qui peut recommencer à sucer son pouce ou à faire pipi au lit.
- Le déplacement : ce mécanisme de défense est typique des phobies et permet de déplacer un conflit émotionnel vers un objet moins menaçant.
- La formation réactionnelle : il s'agit d'un mécanisme de défense qui permet de remplacer les impulsions inacceptables par leur contraire.
- L’identification : ce mécanisme de défense permet d'acquérir les caractéristiques d'une autre personne. L'identification à la figure paternelle, par exemple, est fondamentale pour surmonter le complexe d'Œdipe.
- La sublimation : un mécanisme de défense qui permet de canaliser des sentiments potentiellement inadaptés dans des activités socialement acceptables, telles que le sport ou l’art.
- L’altruisme : un mécanisme de défense qui consiste à satisfaire ses propres besoins en s'occupant de ceux des autres.
- L’humour comme mécanisme de défense : est considéré par Freud comme l'un des mécanismes de défense les plus matures notamment dans le livre Le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient (1905). Le père de la psychanalyse l'a qualifié « mécanisme de défense le plus éminent ». L'humour sert en effet à exprimer des contenus refoulés en contournant la censure du surmoi.
Troubles de la personnalité et mécanismes de défense
Nous avons vu que les mécanismes de défense peuvent être différenciés selon le degré de maturité évolutive du moi, permettant une adaptation plus ou moins grande à la réalité. Des défenses plus immatures signalent donc une distorsion prononcée de la réalité et sont plus fréquemment présentes dans les troubles de la personnalité.
Selon le modèle de Kernberg cité auparavant, les troubles de la personnalité histrionique, narcissique, antisociale et borderline seraient caractérisés par une identité mal intégrée et l'utilisation de défenses immatures, en présence d'un examen de la réalité intact. Cependant, l'utilisation de défenses immatures est également présente dans d'autres troubles de la personnalité, tels que le trouble de la personnalité paranoïaque et le trouble de la personnalité dépendante.
L’importance des mécanismes de défense
Les mécanismes de défense du moi jouent un rôle fondamental, tant dans le contexte intrapersonnel qu'interpersonnel. Il est intéressant de voir comment ils parviennent à défendre le sentiment de sécurité interne, en se protégeant contre des émotions et des expériences telles que la déception, la honte, l'humiliation et même la peur du bonheur.
Nous disposons de divers moyens psychiques et comportementaux pour faire face à des situations de stress et de conflit particulières. Notre façon de nous exprimer, d'agir et d'entrer en relation peut donc varier en fonction du type de défense que nous mettons en place, influençant ainsi notre comportement et notre façon d'affronter la réalité extérieure.
Les mécanismes de défense nous accompagnent tout au long de notre vie et nous permettent de gérer au mieux ce qui se passe, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ils doivent donc être considérés comme un outil précieux pour gérer notre vie quotidienne, nos affects et nos pulsions. Le rôle du psychologue est d'améliorer la capacité de l'individu à se comprendre lui-même, y compris dans l'utilisation de ses propres défenses.
C'est pourquoi l'un des objectifs de la psychanalyse et de la psychothérapie psychodynamique est d’entamer une psychothérapie qui permette de connaître ce qui se cache derrière une ou plusieurs défenses, afin d'offrir à la personne une perspective différente sur elle-même. Un psychologue en ligne d’Unobravo peut vous accompagner dans un parcours orienté vers la découverte de soi et le développement personnel.