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La jalousie : définition et caractéristiques psychologiques

La jalousie : définition et caractéristiques psychologiques
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Dana Vanni
La Rédaction
Psychologue spécialisée en thérapie psychanalytique
Unobravo
publié le
31.5.2024

Qu’est-ce que la jalousie ? La définir est une tâche difficile. La jalousie est avant tout un sentiment et, comme tout sentiment, ce n'est que dans certaines circonstances (influencées par l'histoire et la culture individuelles et collectives) qu'elle peut devenir pathologique.

Pourquoi est-on jaloux d’une personne ?

Le sentiment de jalousie se fonde sur la peur forte et profonde de perdre ce que l’on a de plus cher :

« La jalousie semble pouvoir nous fournir la compréhension la plus profonde de la vie psychique, aussi bien normale que pathologique. » L. Binswanger

La peur qui déclenche les sentiments de jalousie peut être peur :

  • de l’abandon,
  • de perdre,
  • de la séparation,
  • de ce que l’on considère comme nécessaire pour notre survie émotionnelle.

Une tierce personne, en relation avec la personne aimée, nous semble posséder des caractéristiques que nous envions ou que nous n'avons pas.

Existe-il une jalousie « bonne » ? Quelles sont ses caractéristiques ?

Dans chaque relation, il existe un sens d’exclusivité, qui n’est probablement surmonté que dans les relations polyamoureuses et polygames. C’est une façon de manifester son intérêt pour l’autre, en attribuant une signification non pathologique à la jalousie. Une « bonne » jalousie peut :

  • prouver à la personne aimée son importance ;
  • l’impliquer émotionnellement, en la protégeant et en veillant sur le sentiment mutuel avec soin et attention.

Comment se manifeste la jalousie

Le besoin d’unité se concrétise dans différentes modalités relationnelles. Le psychiatre et psychothérapeute Primo Lorenzi décrit la jalousie comme :

« un sentiment qui se manifeste par une expérience psychique particulière centrée sur des thèmes spécifiques : la menace d'une relation considérée comme essentielle pour l’individu jaloux, la possible infidélité du partenaire et l'amour de soi blessé qui en découle, d'où peuvent naître des réactions agressives contre l'autre ou contre soi-même, et un large éventail de comportements, socialement acceptés, tolérés ou condamnés. »

Au-delà des classifications et des définitions, l’une des principales caractéristiques d’une personne souffrant de délire de jalousie est que celui-ci se retourne en quelque sorte contre sa propre identité. Le partenaire cesse de fonctionner comme cet « objet » magique et efficace qui permet de calmer ses blessures, son angoisse de perte et ses insécurités.

La peur de perdre se transforme lentement en une certitude de la violation de la fidélité, et le tourment du partenaire jaloux cesse d’être la peur de perdre la personne aimée, pour devenir plutôt la démonstration nécessaire de la trahison, qui déclenche presque toujours une crise de couple.

Ce sont les soupçons qui perturbent l’individu jaloux, jamais l’acte. Lorsque les faits renforcent le doute, il se calme immédiatement. Au contraire, si la réalité ne correspond pas aux soupçons, et de plus les contredit, l’individu jaloux est capable d’inventer une nouvelle réalité, solide, cohérente, troublante et précise.

Les personnes jalouses sont toujours capables de faire remonter leur jalousie à la surface, comme s'ils connaissaient parfaitement l'endroit de l'esprit où elle se cache et ce dont elle aime se nourrir. L'esprit peut alors devenir une scène où déplacer les personnages réels et transformer leurs soupçons et leurs doutes en réalité, en trouvant la meilleure façon de confirmer leurs angoisses.

La jalousie se manifeste à tout âge et à divers niveaux
Ron Lach - Pexels

‍Types de jalousie

La jalousie peut se manifester à n’importe quel âge et à divers niveaux jusqu’au point de devenir, dans les cas les plus extrêmes, une jalousie pathologique :

  • La jalousie infantile : il arrive souvent que l’enfant éprouve de la jalousie à l’égard de ses frères et sœurs plus jeunes, ce qui se manifeste extérieurement par la colère ou la tristesse.
  • La jalousie amoureuse : dans ce cas, la possessivité et la peur de perdre le partenaire se déclenchent en raison de la présence d’une tierce personne et, bien plus souvent, en raison de craintes préexistantes du partenaire jaloux, qui se répercutent sur le couple.
  • La jalousie rétroactive : le fait d’être jaloux des relations précédentes du partenaire déclenche la jalousie rétroactive, qui entraîne des demandes constantes de réassurance et des doutes continus qui peuvent exaspérer la relation amoureuse.
  • La jalousie pathologique (que nous développerons plus tard) : qui éprouve ce type de jalousie adopte des comportements obsessionnels et irrationnels qui peuvent devenir dangereux. En psychologie, la jalousie pathologique est attribuée au besoin de contrôler, à la faible estime de soi et à la peur de l’abandon.

Le soi et le non-soi

La jalousie, par définition étymologique, évoque l’intensité et la rivalité, concepts qui eux-mêmes évoquent la conquête et la lutte pour l'autre. Lorsque le dialogue, la compréhension, la confiance et la rationalité disparaissent, un sentiment tel que la jalousie pourrait prendre le dessus sur la capacité de contrôle.

La façon dont l’amour et l’intérêt pour la personne aimée sé manifestent dépend de la perception de l’autre personne :

  • Y a-t-il séparation et individualisation ?
  • Est-ce que je considère l’autre comme un individu à part, avec des sentiments, des besoins et des pensées qui peuvent être différents des miens, mais qui nécessitent la même attention et le même respect ?
  • Est-ce que je considère l’autre comme un individu inférieur dans ses besoins et ses droits, et que je me sens en droit d’imposer ma volonté à la sienne ?

La jalousie peut se transformer en violence psychologique, peut évoluer vers un cadre symptomatologique qui conduit à l’obsession et peut avoir des conséquences tragiques dans la vie familiale et sociale de l’individu. La jalousie est en effet l’un des principaux motifs de féminicide et elle intervient également dans le harcèlement.

Quand apprenons-nous à distinguer l’autre comme le « non-moi » ? 

Selon les psychanalystes Klein et Rivière, la jalousie est liée au besoin d’accumuler des preuves et des affirmations d’amour pour lutter contre le vide intérieur et les pulsions destructrices telles que la colère et la haine (que l’on retrouve également dans la personnalité narcissique) qui se manifestent à l’égard de la personne aimée.

Chez l’enfant, par exemple, la jalousie et la colère peuvent être vécues comme des sentiments inévitables mais destructeurs. Dans ce cas, le parent rassure, continue d’aimer, survit à la haine et à la destruction, et permet l’intériorisation d’un véritable amour, qui survit à l’inévitable séparation.

Des études confirment que la jalousie à l’âge adulte, dans ses diverses manifestations, est liée à un attachement insécurisé pendant l’enfance et à une faible estime de soi. L’attachement insécure est un modèle qui appartient aux enfants qui n’ont pas connu une sécurité suffisante en présence de la figure de soin, qui ont ressenti que leurs besoins émotionnels n’étaient pas satisfaits et qui ont perçu le lien amoureux comme étant en danger.

La jalousie à l'âge adulte est liée à une faible estime de soi
Budgeron Bach - Pexels

Le délire de jalousie

Le psychiatre G. G. de Clérambault a tenté d’énumérer les critères nécessaires pour comprendre le passage de ce que nous pourrions appeler une expérience passionnelle commune, à une expérience psychopathologique, dans laquelle se construisent aussi des relations toxiques basées sur le comportement de contrôle que le manipulateur affectif exerce à l’égard du partenaire.

De Clérambault propose des considérations qui peuvent aider à définir le cadre de la pathologie. L’expérience passionnelle peut s'inscrire dans ce cadre :

  • quand elle se produit avec un intensité et une persistance supérieures à celles permises par le contexte socio-environnemental dans lequel l’individu vit ; 
  • quand l’idée de la menace de la relation ou de l’infidélité du partenaire se fixe si profondément dans la psyché de l’individu, qu’il n’est pas possible de la réprimer bien qu’elle soit absurde ; 
  • quand l’individu est réfractaire à toute donnée réelle qui contredit ses constructions mentales sur la menace qui pèse sur la relation ou sur l’infidélité du partenaire.

Tout cela entraîne souvent des comportements agressifs et blessants qui peuvent déclencher une spirale de la violence dans le couple.  

La jalousie pathologique

Les caractéristiques identifiées par G. G. de Clérambault ont permis de distinguer des formes cliniques dans le domaine de la jalousie pathologique, notamment :

  • Le délire de jalousie, dont nous avons parlé dans le point précédent, qui perçoit le maintien des normes comportementales et culturelles établies socialement, à l’exception de la conviction délirante de l’infidélité. La persécution est attribuée à un tiers qui rompt la relation de couple ainsi qu’au partenaire, qui brise la confiance sur laquelle la relation avait été fondée.
  • La jalousie obsessionnelle, qui présente des caractéristiques d’un trouble obsessionnel compulsif. Le soupçon d’infidélité du partenaire est impérieux et il est impossible de l’apaiser. La personne jalouse prend souvent pleinement conscience du caractère infondé de ses soupçons, mais elle ne parvient pas à se libérer du tourment du doute. Elle commence donc à voir partout les symptômes de la désaffection et de l’infidélité de son partenaire, et à adopter des attitudes qui proviennent d’une sorte de manie du contrôle. 
  • L’hyperesthésie jalouse de Mairet, une expérience à la limite entre la normalité et la jalousie possessive pathologique, dans laquelle il est très difficile de tracer une ligne de démarcation. Malgré la confrontation constante avec la réalité, la jalousie occupe de manière stable et exclusive la conscience du patient. Par conséquent, les actions de l’individu sont souvent, en fonction de leur contexte socioculturel, anormales et pathologiques.

La femme jalouse et l’homme jaloux : y a-t-il des différences ?

Des hypothèses ont souvent été émises quant à une différence de genre entre la jalousie des femmes et celle des hommes. Mais c’est l’histoire émotionnelle de chacun qui influe sur le développement de la jalousie. L’origine de la perte peut avoir des sources diverses, mais elles sont toutes profondes : 

  • la société,
  • le contexte,
  • la culture,
  • l’histoire personnelle,
  • des expériences relationnelles précoces ou précédentes à la relation.

Même le genre (contrairement au sexe biologique) est influencé et orienté par la culture et la société. La jalousie ne se limite pas à l’activation de réseaux neuronaux en réponse à un stimulus.

Elle est l’écho de son sentiment d’identité, de sa capacité à contenir ses angoisses de perte, mais elle offre aussi la possibilité de redéfinir une peur primitive, de lui donner de nouveaux espaces et des nouvelles significations.

Pour cette raison, une thérapie pour traiter les problèmes de jalousie peut aider à mettre en lumière les significations cachées derrière ce sentiment et ses expressions. Les psychologues en ligne chez Unobravo sont à votre écoute, en toute confidentialité et confort, à travers une simple connexion. Pour trouver le professionnel qui s’adapte à vos besoins, vous n'avez qu’à remplir notre questionnaire.

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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