Peur de l'abandon ou blessure d’abandon : la reconnaître et s’en libérer

Peur de l'abandon ou blessure d’abandon : la reconnaître et s’en libérer
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Rosa Gentile
La Rédaction
Psychologue spécialisée en thérapie psychanalytique
Unobravo
Article révisé par notre rédaction clinique
publié le
26.2.2025
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La peur de l’abandon est, par définition, la peur de perdre quelqu'un ou quelque chose et de se retrouver seul, sans soutien émotionnel. Il s’agit d’un profond sentiment d’abandon et de solitude que la personne éprouve comme menaçant, car en perdant l'autre, elle perdrait une partie de soi-même et tout ce que l'autre lui apporte.

En l'absence de la personne ou de l'idée à laquelle on s'accroche, on peut se sentir dépourvu de sens par rapport à sa place dans le monde et par rapport à la place que l'on occupait avant d’avoir subi l'abandon.

Le mot « perdre » fait référence à quelque chose qui était là et qui, plus ou moins soudainement, cesse d'exister. On ressent une absence par rapport à quelque chose qui était une présence réelle.

Qu’est-ce que la peur de l'abandon en psychologie ?

Loin d’être anodine, la peur de l’abandon, aussi connue sous le nom de syndrome d’abandon et blessure d’abandon, peut toucher tout le monde et être ressentie à différents moments de la vie. Par exemple, elle peut apparaître lorsque l'on est confronté à des choix complexes, ainsi qu’accompagner les sentiments quotidiens d’une personne comme un véritable bruit de fond qui conditionne profondément ses actions.

La peur d'être abandonné peut être commune à certains problèmes de santé mentale (tels que les troubles de la personnalité borderline et dépendante). Dans cet article, nous explorerons en détail plusieurs aspects de ce sentiment :

  • qu’est-ce que la peur de l’abandon,
  • quelle est la raison de la peur d'être abandonné,
  • comment guérir de la blessure d'abandon.
peur de l'abandon
Alex Gree - Pexels

Peur de l’abandon : symptômes

Comment se comporte une personne qui a peur de l'abandon ? Chacun attribue une signification différente à un même événement, mais il est possible d'identifier certaines expériences et sentiments qui peuvent être déclenchés par des événements au cours desquels se produit une séparation réelle ou imaginaire qui marque le début du traumatisme d'abandon.

Les angoisses les plus archaïques sont celles de morcellement ou fragmentation : on ne ressent pas l'unité du soi, c'est-à-dire qu'on ne perçoit pas un sentiment de continuité par rapport à sa propre expérience et on peut même avoir l'impression de ne pas être réel, de se désagréger et de disparaître.

On peut souvent vivre difficilement sa relation avec l'autre et il y a une confusion entre le soi et l'autre. Ses propres besoins peuvent être flous par rapport à ceux de l'autre et on n'arrive pas à clarifier ses propres idées et expériences.

On peut également se sentir persécuté, blessé et vivre avec un sentiment constant de danger et de menace. Lorsque l'on est confronté à l'expérience de la perte, la blessure d’abandon peut se manifester par des crises de panique ou crises d'angoisse. Ces expériences peuvent également déclencher l’angoisse d’abandon.

Dans certaines relations, on peut éprouver une dépression réactionnelle à l’abandon de son partenaire et se sentir coupable en pensant que l'on a nui à l'autre, en intériorisant un fort sentiment de dévalorisation de soi. Dans d'autres cas, cependant, l'angoisse de l'abandon peut conduire à l'isolement, comme dans le cas des personnes qui accumulent les animaux.

L’angoisse d’abandon rappelle une angoisse très profonde qui renvoie aux premiers moments de la vie. En fait, pour comprendre ce qu'est la peur de l'abandon et d'où vient l'angoisse d'abandon chez l'adulte, il faut retracer quelques étapes du développement psychologique.

Causes possibles de la blessure d’abandon

Pour répondre à la question « pourquoi j'ai peur de l'abandon ? », on doit faire attention à différents facteurs. Parmi les causes possibles de la peur de l'abandon chez l'adulte, on trouve divers événements précipitants, notamment :

  • un deuil soudain,
  • le fait de se faire ghoster,
  • un licenciement,
  • un transfert,
  • une séparation.

En résumé, un événement tangible qui soulève des expériences d'abandon beaucoup plus profondes, qui peuvent être liées à un véritable traumatisme d'abandon.

Le développement de l'enfant et le traumatisme de l'abandon

Dès l’enfance, il est nécessaire qu'il y ait une personne qui puisse répondre aux besoins de l'enfant afin de l'accueillir, de le contenir et de lui faire éprouver le sentiment d'être soutenu et traité avec soin et attention. Ce rapport est essentiel pour que le petit ne ressente pas le monde qui l'entoure comme trop chaotique et indifférent.

Grâce à l’effet miroir, la personne qui s'occupe de l'enfant est en mesure de lui renvoyer et exprimer ses propres sentiments, de façon que l'enfant puisse se retrouver dans l'esprit et le regard de l'adulte.

Les soins continus et répétés sont nécessaires afin que l'enfant puisse lentement intérioriser les figures d'attachement, pour ensuite s'en détacher (d'une manière qui lui soit adaptée, c'est-à-dire en fonction de ses stades de développement).

Il s'agit d'un processus loin d'être linéaire. Il est complexe et n'est possible que lorsque les séparations développementales sont vécues sereinement par l'individu, de sorte que chaque expérience de croissance ne soit pas perçue comme une menace pour sa personne et son moi.

La blessure d'abandon et de rejet, qui chez l'enfant peut manifester différents niveaux d'intensité jusqu'au trouble d'anxiété de séparation, se réfère donc aux moments de la vie où l'existence de la personne était en relation étroite avec une autre qui s'occupait d'elle. 

Dans des situations environnementales défavorables, c'est-à-dire lorsqu'il n'a pas été possible de répondre aux besoins les plus profonds de l'enfant, il devient plus complexe de faire face aux défis développementaux qui deviennent de plus en plus importants. Cela explique pourquoi la peur de l'abandon peut être déclenchée dans les cas de séparation.

De nombreuses difficultés peuvent interférer avec le processus de séparation-individuation, tels que des deuils ou des traumatismes non résolus chez le caregiver (la personne qui prend soin de l’enfant), ce qui rend la séparation et l'individuation beaucoup plus complexes. On reste dans les limbes, à la recherche constante d’un autre auquel se raccrocher pour repousser des peurs profondes.

Blessure d’abandon : existe-il un test ?

Comme nous l'avons vu, la peur de perdre une personne et d'être abandonné qui persiste à l'âge adulte peut être la conséquence d'un traumatisme de l’enfance ou d'expériences négatives impliquant l'enfant et ses figures d'attachement.

Bien qu'il n'existe pas de véritables tests du syndrome d'abandon, les psychologues disposent de plusieurs outils leur permettant d'évaluer si ce qu'ils ont sous les yeux est une dynamique relationnelle constante, répétitive et rigide.

En ce sens, l'entretien clinique et la relation patient-psychologue s'avèrent des outils précieux, permettant d'explorer la représentation de soi par rapport à l'autre, mais aussi l'émergence de dynamiques relationnelles spécifiques. Certains moments du processus thérapeutique, comme les périodes d'absence du psychologue, peuvent en effet amener le patient à se sentir abandonné.

Un autre moyen de tester la peur de l'abandon est l'évaluation du style d'attachement, qui, chez l’adulte, est réalisée au moyen d'instruments tels que l'Adult Attachment Interview (entretien sur l'attachement chez l'adulte).

blessure d'abandon
Victor - Pexels

Blessure d’abandon et trouble de la personnalité borderline

La littérature scientifique a montré de nombreuses corrélations entre la peur de l’abandon et le trouble de la personnalité borderline, un trouble caractérisé par des difficultés identitaires où il semble complexe de tracer des frontières entre le soi et l'autre.

La relation avec l'autre, bien que profondément désirée parce qu'elle permet de ne pas ressentir la peur de l'abandon, active paradoxalement la peur d'être abandonné, précisément parce que l'autre peut partir à tout moment, ce qui s’avère une source de menace.

Les relations deviennent, dans ce scénario, profondément complexes à cultiver car elles portent en elles l'ombre et le danger constant de l'abandon. Tout devient instable et chaotique dans le monde de la personne souffrant d'un trouble de la personnalité borderline, on a l'impression qu'à tout moment tout peut s'écrouler.

La relation devient un « absolu », un antidote puissant capable de faire taire l’angoisse d'abandon. L'absence de l'autre devient un vide impossible à combler et un fardeau extrêmement insupportable.

Peur de l’abandon en amour

Souvent, le facteur discriminant qui permet de comprendre si l'on souffre du syndrome d'abandon et si l'on est confronté à un problème relationnel, est de constater si l'on a une tendance intériorisée à répéter constamment les mêmes schémas relationnels. Ce que l’on peut affronter, notamment, à l’aide d’un parcours de thérapie en ligne.

Dans ces cas, les mêmes schémas sont vécus et revécus dans le cadre de différentes relations (la peur de l'abandon peut être ressentie dans le cadre d'une amitié, mais elle peut également affecter les relations de travail).

On se retrouve à avoir des relations où la peur de l'abandon, par exemple, conduit à s'éloigner de son partenaire lorsque la relation s'approfondit (comme c'est le cas de la philophobie et de la contre-dépendance affective) et à le quitter par peur d'être quitté.

Dans d'autres cas, on a tendance à s'attacher à des personnes qui n'ont aucune envie de s'engager dans une relation amoureuse et on en souffre. On devient un partenaire jaloux et on se consume, ce qui permet à l'autre de nous tenir en échec en vivant dans l'anxiété et la peur d'être quitté.

La peur de l'abandon dans les relations peut engendrer des relations très complexes basées sur la dépendance affective. La corrélation entre la peur de l'abandon et la dépendance affective est en fait basée sur la peur d'être seul et de perdre le partenaire, ce qui provoque le sentiment d'abandon.

Ainsi, cette peur de perdre l'objet aimé conduit la personne souffrant de dépendance affective à éprouver une angoisse d'abandon, à lutter contre la solitude et à ne pas envisager la séparation psychique avec le partenaire, qui n'est pas perçu comme une personne indépendante mais comme un prolongement de sa propre personne.

Comment se libérer de la blessure d'abandon ?

La psychothérapie favorise l’apparition de certains contenus et processus et met en lumière les schémas relationnels intériorisés dès les premières expériences significatives, telles que les expériences vécues avec les parents au cours de sa vie.

Ces expériences peuvent être vécues à nouveau dans le cadre de la relation thérapeutique, qui devient une expérience de compréhension émotionnelle profonde de soi en relation avec l'autre. L'espace d'écoute construit avec le psychologue devient un lieu où l'on peut exprimer des sentiments qu'il serait difficile de raconter autrement, et qui étaient souvent inconnus et inexplorés avant d’entreprendre le parcours d’accompagnement psychologique.

À l’aide de la thérapie individuelle, au cours des séances avec le psychologue, il est possible de comprendre comment gérer la peur de l'abandon, comment surmonter la blessure d’abandon et les émotions qu’elle peut susciter (comme la colère ou l'angoisse de l'abandon).

Livres sur la peur de l’abandon

Nous concluons l'article par quelques suggestions de livres sur le syndrome d'abandon :

  • Guérir de la blessure d’abandon. Dépasser ses peurs pour renaître à soi-même, Sylvie Tenenbaum, Éditions Leduc S.
  • Le sentiment d'abandon: Se libérer du passé pour exister par soi-même, Saverio Bornancin Tomasella, Éditions Eyrolles
  • La blessure d'abandon - Exprimer ses émotions pour guérir, Daniel Dufour, Les Éditions de L’Homme
  • Guérir de la peur de l'abandon: Comprendre la dépendance affective, Virginie Megglé, Éditions Eyrolles

Bibliographie
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