Santé mentale
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La rentrée scolaire : retour à la routine pour les parents et les enfants

La rentrée scolaire : retour à la routine pour les parents et les enfants
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Marcello Delmondo
La Rédaction
Psychothérapeute spécialisé en thérapie psychanalytique
Unobravo
publié le
19.9.2024

Vous vous souvenez de la DeLorean rugissante, prête à emmener Michael J. Fox à travers le temps ? Nous avons décidé de prendre le rôle de Doc et de vous accompagner dans votre retour vers un futur très particulier : celui marqué par la sonnerie de l’école.

En effet, en début de septembre, on retourne à l’école. Pendant les premiers jours de septembre, partout en France, les portes des centres éducatifs s’ouvrent pour les élèves, les parents, les professeurs et le personnel de l’école.

Préparez vos sacs à dos, vérifiez votre matériel et signez les carnets, car il est temps de partir. Nous sommes prêts à vous soutenir à travers les préoccupations, l'anxiété, les devoirs, les papiers, les mots, les explications et les crayons. Nous sommes là pour vous accompagner dans votre retour… à l'école.

La sonnerie de l’école : est-ce le retour de l’anxiété ?

D'une certaine manière, septembre est le mois pour recommencer. Après des mois au cours desquels les réveils du matin ont été plus cléments, la retraite du soir a été moins militaire par rapport à l’horaire habituel, et après des journées où la mer et la montagne ont encadré des sourires insouciants, voilà que la routine retourne à menacer la famille avec sa sévérité composée par des milliers d’engagements, des horaires, de la fatigue et des préoccupations.

En fait, le syndrome post-vacances affecte aussi bien les adultes que les enfants, et peut provoquer du stress, de l’anxiété et des sautes d’humeur. Quelles peuvent être les préoccupations principales que les parents et les enfants ont en commun ?

Devoirs et anxiété : comment peut-on les gérer ?

À l'approche de la première sonnerie de la rentrée des classes, l'angoisse de devoir remettre les devoirs, les livres et les rapports assignés pour l'été grandit. Pour certains parents, cela devient un véritable cauchemar, marqué par un compte à rebours désespéré.

Certains parents vont même jusqu'à essayer de faire les devoirs à la place de leurs enfants. Cette approche ne fait qu'ajouter du stress, en plus d'être une tricherie épuisante pour les adultes et peu bénéfique pour les élèves.

Il en va de même pour les études et le travail à la maison une fois que l'école a retrouvé son rythme de croisière. Parfois, de véritables luttes de pouvoir s'installent, où les enfants semblent presque faire du chantage à leurs parents par leur opposition obstinée aux devoirs.

On se retrouve alors avec des parents qui deviennent fous face aux équations, aux expressions mathématiques, aux dessins géométriques et… « À l'aide, je ne veux pas retourner à l'école ! »

La responsabilisation des élèves

Une solution adaptée aux différentes tranches d'âge repose sur une responsabilisation progressive. Si l'élève choisit de ne plus faire ses devoirs, il doit être prêt à assumer les conséquences de ses choix, sans que les parents se sacrifient pour préserver, à travers leurs enfants, une image de perfection idéale.

Ne pas faire les devoirs ne fait pas de vous un mauvais parent ; au contraire, il peut être dangereux d'intervenir constamment pour protéger ou remplacer les enfants. Pas de menaces, pas de chantage, pas d'anxiété.

« Vous ne voulez pas faire vos devoirs ? Très bien, vous irez à l'école sans eux et vous assumerez les conséquences de votre choix. Maman et papa ne peuvent pas toujours être à vos côtés, même au travail ! »

Cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas disponible pour l’aider, le rassurer et le soutenir ; ce qui, à sa juste mesure, est important.

Avec les enfants les plus petits, il peut être utile de parler aux professeurs, leur indiquant que votre enfant s’oppose à faire les devoirs. Pendant une période, il ira à l’école sans eux et il aura besoin de l’aide des parents et des professeurs pour réfléchir et comprendre son comportement. Cette stratégie devrait mener au développement d’un sentiment de responsabilité et d’autonomie.

La responsabilisation des enfants
CDC - Pexels

De manière générale, il est utile d'accompagner les enfants et les adolescents dans une organisation de plus en plus autonome de leur travail. Apprendre à définir des priorités, à organiser leur temps et leur matériel, ainsi qu'à gérer les imprévus, sont des compétences essentielles qu'ils doivent acquérir.

Encourager le développement des compétences en métacognition (la capacité à réfléchir sur ses propres états mentaux, pensées, émotions, ainsi que sur ceux des autres, et sur les processus cognitifs, comme l'a défini Flavell en 1979) et à surveiller activement la régulation de ces processus (Brown, 1987) permet de découvrir progressivement son propre style d'apprentissage. Cela aide également à se percevoir comme un acteur actif dans l'étude et la réalisation des devoirs. Sur le long terme, ce sont des compétences particulièrement valorisées dans le monde professionnel une fois adulte.

Si les enfants se rendent compte que les parents craignent le jugement des enseignants, ils pourraient utiliser l'opposition à leurs devoirs en tant qu’élèves comme une arme de chantage.

« Si je n'étudie pas, cela vous donne une mauvaise image ! » C’est pourquoi il est utile d’échapper cette dynamique.

Pour approfondir sur le sujet, vous pouvez consulter le livre Les devoirs à la maison, édité par le pédagogue Philippe Meirieu (2004)

Notes, anxiété de performance et peur de l’échec

Dans notre société, qui rejette toute forme de limitation comme une source de frustration et qui fixe des standards de performance et de résultats très élevés, l'échec est devenu un tabou. Lorsque l’enfant rencontre des difficultés, l'image idéale des parents parfaits est immédiatement remise en question.

La rentrée scolaire réactive l'anxiété de performance liée aux contrôles et aux examens. Les parents perçoivent souvent les notes de leurs enfants comme une évaluation de leurs propres compétences. Une mauvaise note est alors vue comme une tache sur leur parcours de « parent modèle ».

Souvent, ce sont les enfants eux-mêmes qui réclament une nouvelle approche de l'échec, un environnement d'apprentissage où se tromper est reconnu comme une étape normale du processus de croissance, et non comme un événement qui met en péril leur avenir de façon irréversible.

En effet, les problèmes liés à l’échec scolaire peuvent favoriser l'apparition de troubles dépressifs et de comportements destructifs (Affuso et Bacchini, 2010).

Il existe certaines stratégies utiles pour atténuer l’anxiété et le stress :

  • Se rappeler que les notes et les jugements ne concernent pas la personne, mais l'exécution d’un devoir.
  • Raisonner sur les processus d’apprentissage plutôt que sur les résultats en termes de notes.
  • Accueillir et réfléchir sur les erreurs, en essayant de comprendre les motivations.

Entraînement, activités et étude : on reprend la routine, la fatigue augmente

Avec la rentrée des classes, le réveil sonne plus tôt. Il faut organiser le transport de nombreux petits zombies, qui, entre deux bâillements, essaient tant bien que mal de se préparer pour la journée qui les attend.

À l’heure du déjeuner, on sort, on avale quelque chose, puis c'est reparti pour les entraînements, les salles de sport, les cours de piano, les leçons d'anglais, les centres équestres, les piscines… Papa et maman se transforment soudainement en pilotes de Formule 1 et finissent la journée complètement épuisés.

La prolifération des activités extrascolaires contraste avec la réalisation des devoirs. Les pages à étudier deviennent immédiatement trop nombreuses et la difficulté des parents à concilier le domino des engagements de leurs enfants peut devenir un facteur additionnel de l'opposition des enfants aux devoirs scolaires.

Dans de nombreux cas, même dans cette dynamique, l’idéalisation des enfants perdure à la lumière de l'équation selon laquelle plus et mieux ils font, plus et mieux ils sont.

Des foules de champions sportifs, de musiciens et de danseurs sont souvent poussées à obtenir des résultats pour satisfaire les désirs de leurs parents. Par conséquent, on perd le contact avec l’importance du temps libre où la créativité et la fantaisie deviennent des outils qu’il faut entraîner pour combattre l'ennui.

Alors, qu’est-ce que l’on doit faire ? Ralentir, écouter ce que les garçons et les filles ont envie de faire sans les forcer, reconnaître et séparer les attentes des parents des ambitions des enfants, et laisser du temps et de l'espace pour le repos et l'ennui.

L'anxiété à l'école
Max Fischer - Pexels

Est-il possible de tomber malade à cause de l'école ?

Peut-on tomber malade à cause de l’école ? L’anxiété, le stress et la perception de ne pas être à la hauteur peuvent amener à développer des formes d'inconfort et de malaise psychologique profond.

Est-ce qu’il existe des conditions liées à des troubles particuliers qui peuvent rendre plus compliquée la rentrée ?

La phobie scolaire

Le poids des attentes de la compétition et de l'anxiété de performance peuvent conduire les garçons et les filles à développer une forme de peur profonde de l'école. Il ne reste plus qu'à se retirer dans sa chambre à s'isoler de la réalité qui fait peur et à trouver refuge dans un monde virtuel.

En effet, sur les réseaux sociaux, on peut être qui on veut, sans avoir à habiter un corps, à supporter les charges, les attentes et les exigences des parents, et à faire face à la confrontation que les relations entraînent.

Dans ces cas, le soutien psychologique devient un outil fondamental pour promouvoir le bien-être des enfants et des familles.

Troubles de l’apprentissage, TDAH, TSA : un retour complexe ?

Pour les enfants atteints de troubles du développement neurologique et de neurodivergences tels que le TDAH, les troubles spécifiques de l’apprentissage et les troubles du spectre de l’autisme, le retour à l’école peut coïncider avec une augmentation du stress.

En effet, la reprise des cours signifie le retour à une routine complexe, faite de longues heures passées à rester immobiles, concentrés, et immergés dans des groupes d'enfants plus ou moins nombreux, avec lesquels ils doivent interagir. Tous ces aspects sont bien différents de ce qu'ils ont connu pendant les vacances.

À cela s'ajoutent de longues après-midi consacrées à étudier dans les livres et à faire les devoirs à la maison. Les services spécialisés et les activités périscolaires peuvent être d'une grande aide pour affronter les défis des opérations mathématiques, de l'analyse grammaticale, des chiffres et des lettres.

Promouvoir le bien-être et la santé à l’école

Il est donc possible de tomber malade à cause de l’école et il existe des troubles spécifiques pouvant augmenter le niveau de stress en cours. La rentrée scolaire et la promotion du bien-être et de la santé peuvent être supportées par :

  • des interventions de soutien aux parents,
  • des formations pour les familles et les enseignants,
  • le soutien des psychologues scolaires.
Le bien-être à l'école
Sam Balye - Unsplash

Maturité, si je t’avais attrapé plus tôt : lorsque les parents retournent à l’école

Nous avons mentionné la tendance des parents à prendre la place de leurs enfants, à les défendre quoi qu’il en coûte, entrant dans certains cas en conflit avec l'institution scolaire. En littérature, on parle de « parents hélicoptères » et des « parents chasse-neige » pour indiquer la tendance à préparer la voie pour les enfants et à éviter qu’ils doivent être confrontés aux problèmes.

La peur d’être critiqué incite les mères et les pères à faire les devoirs à la place des étudiants et à vivre les notes comme l’évaluation de sa propre performance.

Cet effort se transforme très souvent en une fatigue considérable chez les adultes, à laquelle on ajoute la peur de ne pas être à la hauteur au fur et à mesure que le niveau de l’école des enfants augmente.

Professeurs : presque amis ?

Avec la rentrée, certaines familles semblent retourner dans les tranchées pour reprendre la guerre d'usure avec les enseignants. Les considérer comme des ennemis peut être critique et risqué. En fait, les enseignants devraient être considérés comme des alliés précieux dans le parcours de croissance personnelle des enfants.

La conflictualité des parents pourrait légitimer des attitudes d'opposition de la part des élèves pendant les cours. En cas de malentendu, il est utile de s'adresser directement aux enseignants sans faire de commentaires devant les enfants. La communication devient donc un aspect dont il faut prendre soin très attentivement des deux côtés.

À ce propos, la mise en œuvre d'interventions de formation appropriées s’avère utile. Spécialement pendant la période de reprise des cours, la sensibilité des enseignants peut se transformer en un outil précieux pour identifier des signes naissants de malaise.

Abordons le sujet des notes. Pour les parents, il est essentiel de donner du sens à l’évaluation, tout en évitant de tomber dans l’anxiété. Quant aux enseignants, il est crucial qu'ils ne renoncent pas à leur rôle, qui inclut également l'évaluation des apprentissages.

Il existe un risque qu'une logique commerciale, influencée par la volonté des écoles d’attirer des inscriptions, fasse passer ces aspects au second plan afin d’éviter tout conflit.

Si les élèves deviennent des clients, et que « le client a toujours raison », les évaluations, les notes et les exigences en matière d'engagement risquent d’être remises en question. Il est donc important que les deux parties ne suivent pas cette voie !

Soutien psychologique dans les centres éducatifs

Le soutien psychologique dans les centres éducatifs devient de plus en plus important. Le psychologue scolaire s'occupe des interventions individuelles ou de groupe visant à promouvoir le bien-être organisationnel des élèves, des parents, des enseignants et du personnel.

Par le biais d'entretiens individuels, de projets en classe, de la formation des enseignants et de séances de discussion avec les parents, les psychologues peuvent s'intégrer à différents niveaux dans l'organisation de l'école et promouvoir la santé globale.

Solliciter une consultation à un professionnel est un excellent moyen pour aider à atténuer le stress découlant du retour de l’école. Le soutien aux parents devient un outil intéressant pour promouvoir des stratégies permettant de « survivre » aux devoirs, aux contrôles, aux examens et aux bulletins de notes. Ne pas se sentir seul et bénéficier d'espaces de discussion ou d'écoute peut aider de nombreux parents à mieux supporter le retour à l’école, y compris les cas des étudiants atteints de troubles du développement neurologique.

Dans ce dernier cas, l’accompagnement et le soutien dans le complexe processus de diagnostic et de certification est particulièrement précieux. De plus, la psychologie scolaire peut favoriser la relation, la communication et la collaboration entre l’école et la famille. En résumé, un 20 !

Une mère aide sa fille à faire les devoirs
August de Richelieu - Pexels

La fin du voyage

Alors que nous sommes un peu émus au moment de remémorer l'éternel rituel consistant à doubler les livres qui sentent le papier immaculé, à ranger les stylos, les crayons et la gomme dans la trousse et à remplacer le matériel usagé, nous sommes sur le point de terminer notre voyage de retour à l'école.

Il suffit d'attendre la sonnerie de l’école, en nous rappelant qu’après tout, l’éducation est un grand privilège, que la culture et la formation sont une richesse pour l’humanité et que, malheureusement, pas tous les enfants du monde ont comme bruit de fond de leur journée celui de la sonnerie de l’école. Après tout, le mot école vient d'un mot grec qui signifie « temps libre ». Il ne faut pas l’oublier. Nous pouvons également mentionner un certain nombre d'aspects positifs d'un point de vue social, relationnel et familial :

  • Pour les enfants et les adolescents, la confrontation avec le groupe de pairs est cruciale pour le développement des compétences relationnelles, de la régulation des émotions, de la tolérance à la frustration, de l’apprentissage basé dans l’expérience, et pour le développement de leur identité.
  • Pour les étudiants, il est aussi fondamental de pouvoir se confronter à des adultes significatifs qui ne sont pas leurs parents. Les enseignants peuvent fournir un retour d'information constructif, même s'il est critique et sans acceptation apriorique. Ces références peuvent s'avérer précieuses pour reconnaître et intégrer des éléments de leur identité.
  • Pour les parents, échanger avec d'autres adultes peut être bénéfique pour tisser des liens de solidarité et d'amitié, tout en affrontant ensemble les défis liés à la croissance des enfants. Il est cependant important de ne pas transformer le groupe de discussion de la classe en un lieu de compétition ou en une plateforme pour former des alliances nuisibles contre les enseignants.

L'écran de notre machine affiche septembre 2024. Il ne nous reste qu’à vous souhaiter une bonne rentrée !

Bibliographie

  • Affuso, G., & Bacchini, D. (2010). Determinanti personali ed interpersonali del drop-out scolastico. Psicologia scolastica, 175.
  • Brown, A. (1987). Metacognition, executive control, self-regulation, and other more mysterious mechanisms. Metacognition, Motivation, and Understanding/Lawrence Erlbaum Associates.
  • De Masi, F., Moriggia, M., & Scotti, G. (2020). Quando la scuola fa paura: La fobia scolastica spiegata a genitori, docenti, psicologi e psicoterapeuti. Mimesis
  • Flavell J. H. (1979) Metacognition and cognitive monitoring: A new area of cognitive-developmental inquiry American Psychologist, 34: 906-911.
  • Meirieu, P. (2004). Les devoirs à la maison. Éditions La Découverte.
  • Vitale, M. (2013). Facciamo i compiti. Sovera Edizioni.

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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