Dépression

La dépression post-partum : causes, symptômes et traitement

La dépression post-partum : causes, symptômes et traitement
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Maria Avallone
La Rédaction
Psychothérapeute spécialisée en thérapie rogérienne
Unobravo
publié le
10.7.2024

Combien d’entre vous, mères, vous êtes-vous retrouvées seules, immédiatement après l’accouchement ou des mois après la naissance de votre enfant, pleurant et ne voulant pas en parler ? Certaines d’entre vous se seront demandé si elles traversent une dépression après l’accouchement, sans toutefois être capables de la reconnaître.

D’après la culture occidentale et pas uniquement, la nouvelle mère doit éprouver des sentiments de bien-être et de gratitude, à l’exclusion de toute autre émotion qui soit également caractéristique de ce moment important. Malheureusement, dans la plupart des cas, comme le montrent les personnes qui ont passé une dépression post-partum ainsi que leurs témoignages, ce n’est pas toujours la réalité.

Qu’est-ce que la dépression post-partum ?

La prévalence de la dépression post-partum (DPP) ou dépression postnatale en France est de 16,7 %, d’après les données de l’enquête nationale périnatale réalisée sur un échantillon représentatif de femmes deux mois après l’accouchement. Toutefois, elle diffère selon les régions.

La dépression post-partum est à proprement parler une dépression réactive unipolaire, qui se différencie des formes plus classiques de dépression essentiellement en raison de la période particulière de son apparition, ainsi que de certaines composantes spécifiques à la base de son développement, notamment au niveau hormonal et psycho-émotionnel.

Dans le DSM-5, la dépression post-partum fait partie des sous-types de la dépression majeure. Le diagnostic peut s’appuyer sur des outils de dépistage de la dépression post-partum, tels que l’auto-questionnaire Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS), très utilisé par les services socio-sanitaires.

Les symptômes de la dépression post-partum

Afin de reconnaître les symptômes de la dépression post-partum, il est possible d’observer certains signaux spécifiques qui ne doivent pas seulement se manifester mais aussi compromettre le niveau acceptable de bien-être psychophysique et l’accomplissement des activités habituelles.

Voici comment reconnaître la dépression post-partum en 11 symptômes :

  1. Abattement et tristesse profonde, qui peuvent être accompagnés de pensées récurrentes relatives à la mort.
  2. Perte d’énergie et l’impression de ne pas être capable de prendre soin de l’enfant.
  3. Anhédonie.
  4. Fortes sautes d’humeur et pleurs infondés à plusieurs moments de la journée.
  5. Désir de s’isoler des membres de la famille, y compris l’enfant.
  6. Variations de l’appétit, comportant une perte/prise de poids significative.
  7. Difficulté à s’endormir et sommeil agité.
  8. Crises d’angoisse et irritabilité.
  9. Sentiment de culpabilité persistant et infondé, particulièrement par rapport à l’enfant.
  10. Diminution de la capacité de concentration et de l’efficience intellectuelle.
  11. Perte de la libido (y compris la difficulté à reprendre les rapports sexuels après l’accouchement).

Outre ces symptômes, on trouve souvent une faible estime de soi et des sentiments de honte, qui sont également liés au fait de ne pas se sentir à la hauteur de son nouveau rôle de mère.

Les formes les plus graves de dépression post-partum

Dans des cas très rares, notamment lorsque la femme a déjà souffert ou a une propension à développer une dépression bipolaire ou mixte, il est possible de développer une psychose post-partum, caractérisée par des symptômes tels que :

  • la confusion et la désorientation,
  • des hallucinations,
  • la paranoïa, ou
  • des comportements qui peuvent mettre en danger sa propre santé ou celle de l’enfant.

Sous ses différentes formes, la dépression post-partum entraîne des conséquences sur l’enfant constituant l’effet direct de la négligence ou des comportements maternels excessifs. Dans les cas les plus graves, elle peut conduire à la tragédie de l’infanticide.

La dépression post-partum, selon Jeannette Milgrom et al., compromet la création d’un lien d’attachement sécure entre mère et enfant, et pourrait influencer de manière significative le développement affectif et relationnel. Cependant, le rôle du contexte social autour de la mère est également très important quant aux conséquences mentionnées, notamment en ce qui concerne l’implication de la figure paternelle dans la dépression post-partum.

Baby blues, dépression post-partum et la figure paternelle
Fernando - Unsplash

Baby blues et dépression du post-partum

Il arrive souvent que les signaux et les symptômes initiaux de la dépression postnatale puissent se confondre avec le « baby blues », également connu sous le nom de « maternity blues » ; pourtant, celui-ci se résout généralement en peu de temps. La différence principale réside dans l’apparition et la durée des symptômes.

Voici les 7 symptômes principaux du maternity blues :

  1. Sautes d’humeur.
  2. Anxiété et nervosité.
  3. Tristesse injustifiée.
  4. Irritabilité.
  5. Pleurs soudains et infondés.
  6. Difficulté à se concentrer.
  7. Troubles du sommeil (insomnie ou sommeil agité).

Quelle est la durée du baby blues et de la dépression post-partum ?

Combien de temps dure la dépression post-partum ? Et le baby blues ? Les symptômes du « baby blues », en général, apparaissent pendant les jours qui suivent immédiatement l’accouchement et peuvent perdurer pendant 1 à 2 semaines ; ils s’améliorent progressivement sans besoin de suivre une thérapie spécifique.

Par contre, dans le cas de la dépression du post-partum, la durée doit être supérieure à 2 semaines. Il est toujours important d'informer le médecin des symptômes du maternity blues, car ils peuvent évoluer vers une dépression post-partum.

En ce qui concerne la dépression post-partum, les symptômes sont apparemment très similaires, mais ils se manifestent à partir de la 6e semaine de vie du nouveau-né ou même plus tard, dans le cadre de la première année suivant la naissance. Dans ce cas là, on parle de dépression post-partum tardive.

Les causes de la dépression post-partum

Le risque de dépression est plus élevé parmi les personnes ayant une faible estime de soi, manquant de confiance en elles-mêmes et en les autres, et qui se retrouvent souvent à penser qu'elles ne sont pas à la hauteur (atélophobie). Les épisodes dépressifs peuvent être précédés et favorisés par des événements et des situations stressantes, qui sont souvent vécus comme des difficultés ou des pertes graves et insurmontables, ou comme des faillites.

L’expérience de l’accouchement en soi peut aussi être un événement stressant, surtout lorsque la femme souffre de tocophobie, c’est-à-dire de la peur de l’accouchement. Il existe également des facteurs génétiques qui contribuent à l’apparition du trouble. Le fait d’avoir des parents au premier degré souffrant de trouble dépressif majeur favorise l’apparition d’un épisode dépressif.

Sans oublier qu’après l’accouchement, les femmes subissent des changements physiques significatifs, tels que la diminution physiologique de la progestérone et des œstrogènes, ce qui provoque en soi une baisse de l’humeur chez la nouvelle mère. Parmi les facteurs de risque de la dépression post-partum, on trouve notamment :

  • une grossesse non planifiée,
  • des experiences passées de violence sexuelle ou de violence domestique,
  • des avortements précédents,
  • une naissance prématurée,
  • la violence obstétricale, ou
  • un faible sens de l'auto-efficacité.

Comment prévenir la dépression du post-partum ?

La période après l’accouchement s’avère particulièrement fatigante pour les nouvelles mères. C’est pourquoi il est important de se préparer psychologiquement à la grossesse et de savoir comment prévenir la dépression post-partum. Voici quelques conseils pour mieux faire face à la puerpéralité et prévenir les facteurs de risque de la dépression post-partum :

  • Chercher quelqu’un avec qui parler : être en contact avec d’autres mères aide à comprendre que l’on n’est pas la seule à éprouver certains sentiments et à regarder la situation d’autres points de vue.
  • Déléguer autant que possible : impliquer d’autres personnes dans le soin de l’enfant (le père, en premier lieu) et réserver des moments pour soi-même.
  • Consacrer du temps à être avec son partenaire : vous étiez un couple avant d’avoir un enfant… et vous l’êtes encore.
  • Réduire les attentes par rapport au ménage de la maison : essayez de consacrer votre temps libre à des activités agréables.
Comment prévenir la dépression post-partum
Aditya Romansa - Unsplash

Congé maternité et dépression post-partum

Comme prévu par le code du travail, lors d’un état pathologique résultant de la grossesse ou de l’accouchement, comme c’est le cas de la dépression post-partum, la durée du congé maternité peut être augmentée jusqu’à quatre semaines pendant la période postnatale.

Le traitement de la dépression du post partum

Comment en sortir de la dépression post-partum ? Il est possible qu’une dépression post-partum non traitée ne se résolve jamais spontanément et qu’elle persiste au fil des ans, au point de se transformer en un trouble dépressif majeur ou dysthymie. Le dépistage s’avère donc très important à cet égard : remplir un test de dépression post-partum pendant les semaines suivant l’accouchement peut aider à détecter les symptômes au moment opportun, avant qu’ils ne deviennent chroniques.

La psychothérapie cognitivo-comportementale s’avère efficace pour surmonter la dépression post-partum, ainsi que le traitement médicamenteux seul. Toutefois, il faut souligner que, dans certains cas, il est bénéfique de combiner la psychothérapie avec le traitement pharmacologique.

Parmi les programmes de thérapie utilisés, on trouve aussi le « Home Cognitive Behavioral Therapy (IH-CBT) », fourni par le psychologue à domicile. Ce type de traitement est utile parce qu’il contribue à soutenir la mère et la famille au sein de l’environnement familial, en s’adaptant à leurs besoins.

Dépression du post-partum : que faire et à qui s’adresser ?

Pour surmonter la dépression post-partum, il est important de reconnaître les signaux et de la traiter en temps voulu. Une fois qu'il est clair qu’il ne s'agit pas du maternity blues, et que les symptômes sont persistants, il faudrait chercher de l’aide dans les plus brefs délais.

En ce qui concerne les personnes auxquelles on peut s’adresser, le médecin généraliste peut être une des premières personnes à qui l’on peut demander de l’aide pour être adressé au spécialiste le plus adapté à ses besoins. Alternativement, il est possible de se mettre en contact directement avec un psychologue, tel qu’un psychologue en ligne d’Unobravo, qui soit aussi un psychothérapeute spécialisé en dépression post-partum.

Dépression post-partum: livres conseillés

En cas de vouloir approfondir sur le sujet, voici quelques livres pour mieux comprendre comment se manifeste la dépression post-partum et les remèdes possibles :

Bibliografia

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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