De nombreuses personnes peuvent ressentir un certain malaise lorsqu'elles sont obligées de rester dans des espaces clos, mais pour les personnes souffrant de claustrophobie, cette réaction est amplifiée et se transforme en une peur intense et irrationnelle.
La claustrophobie peut se manifester dans un ascenseur, le métro, un avion et, en général, tous les environnements confinés, même ceux que l'on fréquente au quotidien.
Souffrir de claustrophobie, c'est aussi adopter un comportement d'évitement et ressentir des symptômes physiques importants qui peuvent affecter de manière significative la qualité de vie de la personne qui en souffre.
Dans cet article, nous découvrirons la définition psychologique de la claustrophobie en détail et comment la surmonter.
Qu'est-ce que la claustrophobie ?
Le terme claustrophobie provient du latin claustrum qui signifie « lieu fermé » et du grec phobos qui signifie « peur ». Il s’agit d’une des phobies spécifiques les plus courantes et reconnues.
Cette affection se caractérise par une peur intense de l’enfermement ou des espaces confinés dans lesquels on perçoit un manque d'issues de secours. La claustrophobie n'est pas simplement la peur des espaces clos en soi, mais plutôt une peur liée à ce qui pourrait se produire dans ces espaces, comme la peur d'être piégé ou d'étouffer.
Dans le DSM-5-TR (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), la claustrophobie figure parmi les troubles anxieux spécifiques, au même titre que d'autres phobies telles que la peur de la mer (thalassophobie), la peur de l'avion (aérophobie) ou la peur de la foule (démophobie).
L'histoire de cette phobie remonte à l'Antiquité, avec des références à des peurs similaires dans des textes historiques et philosophiques. Par exemple, dans la Divine Comédie de Dante Alighieri, le poète décrit des scènes de tourments dans des espaces souterrains et exigus de l'Enfer, qui évoquent un sentiment d'oppression et de peur, reflétant l'angoisse profonde de l'enfermement.
Les chercheurs Vadakkan et Siddiqui (2019) ont offert un aperçu détaillé de la claustrophobie. Les auteurs soulignent que, pour la personne claustrophobe, la peur est moins liée à l'espace physique qu'à la perception subjective de ne pas avoir d'échappatoire, une peur qui peut également être déclenchée par des situations quotidiennes telles que se tenir dans une file d'attente ou s'asseoir sur un fauteuil dentaire.
La claustrophobie, comme d'autres phobies spécifiques, peut entraîner un comportement d'évitement et des symptômes physiques intenses, rendant la vie quotidienne difficile pour la personne qui en souffre.

Agoraphobie et claustrophobie
Il est important de distinguer la claustrophobie de l'agoraphobie, une autre phobie spécifique caractérisée par la peur de se trouver dans des situations où il pourrait être difficile ou gênant de s'échapper, comme les endroits bondés ou les espaces ouverts.
Alors que la claustrophobie concerne principalement la peur d'être enfermé dans des espaces clos, l'agoraphobie se concentre sur la peur de perdre le contrôle dans des situations publiques, avec souvent la crainte d'une crise de panique.
La relation entre l'agoraphobie et la claustrophobie a été explorée dans diverses études, par exemple celle de Febbraro et Clum (1995), publiée dans le Journal of Psychopathology and Behavioral Assessment, qui souligne que ces deux affections peuvent présenter des caractéristiques similaires, telles que l'évitement de la foule.
En particulier, des facteurs tels que la « peur de l’enfermement » et la « peur de l'impossibilité de s'échapper » sont conceptuellement pertinents pour toutes les deux phobies.
Cela indique un chevauchement possible entre la claustrophobie et l'agoraphobie, suggérant que les deux affections peuvent partager des mécanismes sous-jacents similaires, tels que la peur de ne pas pouvoir s'échapper facilement.
Dans les cas extrêmes, ces pensées peuvent provoquer une crise de claustrophobie, qui se manifeste par une peur intense et incontrôlable pouvant aller jusqu'à la crise de panique.
Les crises de panique sont des épisodes soudains d'anxiété aiguë, qui peuvent se manifester par des symptômes physiques tels que des palpitations, des sueurs, des tremblements et une sensation d'étouffement. Ces symptômes peuvent être si intenses que la personne qui en souffre craint de perdre le contrôle ou a peur de mourir.
La relation entre l'agoraphobie, la claustrophobie et les attaques de panique nous rappelle donc que les craintes liées à l'impossibilité de fuir ou à la perte de contrôle sont des éléments cruciaux qui peuvent aggraver les symptômes d'anxiété et entraîner des épisodes de panique aiguë (Barlow, 2004).
Claustrophobie : symptômes
Comment savoir si l’on est claustrophobe ? Grâce à l'utilisation de tests de claustrophobie, tels que le Claustrophobia Situations Questionnaire (CSQ) et le Claustrophobia General Cognitions Questionnaire (CGCQ), la littérature scientifique (voir Febbraro et Clum, 1995 pour plus de détails) a identifié les symptômes et les facteurs qui contribuent à l'anxiété et à l'évitement typiques de cette affection.
Les symptômes de la claustrophobie peuvent être divisés en deux catégories principales : les symptômes situationnels et les symptômes psychologiques.
Parmi les symptômes situationnels, c'est-à-dire liés à un contexte et à un moment particuliers, on trouve notamment :
- La peur de l’enfermement, qui survient lorsqu'une personne perçoit qu'elle se trouve dans une situation dont elle ne peut pas facilement s'échapper. Par exemple, les personnes atteintes de claustrophobie peuvent se sentir extrêmement anxieuses lorsqu'elles se trouvent dans un ascenseur bloqué entre deux étages ou un métro arrêté entre deux stations.
- La peur du confinement physique, spécifiquement liée au sentiment d'être physiquement confiné ou contraint dans un espace restreint. Un exemple courant est la claustrophobie dans les examens IRM fermés, c'est-à-dire lorsque l'individu est contraint de rester immobile à l'intérieur d'un tube étroit pendant un certain temps. La claustrophobie dans l’avion est également typique et peut être associée à la peur de voler.
- L’évitement des foules et des lieux typiquement bondés tels que les concerts, les événements sportifs ou les transports publics en heure de pointe. La personne claustrophobe craint de ne pas maîtriser son environnement ou de ne pas pouvoir le quitter facilement en cas de besoin.
- L’évitement de l’enfermement physique, qui se manifeste par l'évitement des petits espaces clos comme, une cave au plafond bas ou une salle de bain sans fenêtre.
En revanche, parmi les symptômes psychologiques les plus fréquents, on trouve notamment :
- La peur de perdre le contrôle : la personne claustrophobe peut craindre de perdre le contrôle dans un espace clos, pensant qu'elle ne peut pas gérer l'anxiété ou la peur que la situation suscite.
- La peur de l’étouffement : un symptôme courant est la sensation de manquer d'air ou de ne pas pouvoir respirer correctement, bien qu'il n'y ait pas de réelle difficulté à respirer.
- La peur de l’incapacité à s’échapper : parmi les peurs les plus répandues, elle fait référence à la croyance selon laquelle, en cas de problème, on ne pourrait pas sortir rapidement ou en toute sécurité. La peur d’entrer dans un tunnel long et étroit, tel qu'un tunnel autoroutier, en est un exemple.
Ces dimensions offrent encore aujourd’hui une image claire de la manière dont la peur des espaces clos se manifeste dans différentes situations et à travers des peurs cognitives spécifiques, ce qui permet de mieux comprendre les symptômes et le comportement typique des personnes qui en souffrent.
Claustrophobie : causes possibles
Pourquoi une personne peut-elle souffrir de claustrophobie ?
La claustrophobie présente des causes multifactorielles, à savoir des composantes biologiques, psychologiques et environnementales.
Selon la théorie du conditionnement classique, les expériences traumatisantes peuvent conditionner un individu à développer une réaction de peur dans des situations similaires à celles qu'il a vécues. Par exemple, Rachman (1991) a montré comment la claustrophobie peut se développer après une expérience traumatisante, comme le fait d'être coincé dans un espace confiné, ce qui conditionne la personne à craindre des situations similaires.
La claustrophobie peut également avoir une composante héréditaire. Une méta-analyse sur la génétique des troubles anxieux a montré que les phobies spécifiques, notamment la claustrophobie, ont tendance à se manifester plus fréquemment chez les individus ayant une prédisposition génétique (Hettema, Neale et Kendler, 2001), en présence de facteurs environnementaux spécifiques.
Du point de vue neurobiologique, des études telles que celle de LeDoux (2000) ont identifié l’amygdale, une région du cerveau impliquée dans la régulation des réponses à la peur, en tant qu’une composante clé dans la manifestation des phobies.
Les dysfonctionnements de cette zone peuvent entraîner des réactions de peur exagérées dans des situations perçues comme menaçantes, contribuant ainsi au développement d'affections telles que la claustrophobie.
Une autre théorie suggère que la claustrophobie pourrait avoir des racines évolutives. Marks (1987) a étudié comment certaines phobies peuvent être le résultat de mécanismes évolutifs de survie, la peur des espaces étroits ayant pu constituer un avantage adaptatif dans les temps anciens en protégeant les individus d'un danger potentiel.
Enfin, les influences environnementales et sociales jouent un rôle important dans le développement de la maladie. L'étude d'Ost (1987) a montré que l'âge auquel surviennent les expériences effrayantes et l'exposition à des comportements anxieux de la part des parents ou des figures de référence peuvent contribuer au développement de la phobie.

Conséquences de la claustrophobie
La claustrophobie peut entraîner des conséquences significatives, tant psychologiques que physiques.
Par exemple, elle peut provoquer l’anxiété d'anticipation et l’isolement social, car les individus peuvent décider d'éviter les situations qu'ils jugent susceptibles de déclencher leur peur. Une personne peut donc limiter sa participation à des événements ou éviter d'utiliser l’ascenseur, ce qui nuit à ses activités quotidiennes et sociales (Valentiner et al. 1996).
Physiquement, les crises de claustrophobie peuvent se manifester avec divers symptômes, à savoir :
- la transpiration ou des frissons,
- les vertiges,
- les difficultés respiratoires et l’hyperventilation,
- l’accélération du rythme cardiaque,
- la sensation d'oppression et d’évanouissement.
L’évitement des situations redoutées peut également nuire considérablement aux activités quotidiennes, en limitant les opportunités de travail et les occasions sociales. Par exemple, le fait d'éviter les examens médicaux nécessaires à l'établissement d'un diagnostic, comme l'IRM, peut avoir un effet négatif sur la santé et la qualité des soins reçus.
Une étude de la Ohio State University (Nguyen et al. 2020) explore comment la claustrophobie et d’autres réactions anxieuses peuvent influencer l’expérience des patients même lorsqu’ils décident de se soumettre à des expériences qui la déclenchent, telles que l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Une activation excessive du patient peut en effet compromettre la qualité des images obtenues, retardant ou empêchant un diagnostic précis.
Comment soigner la claustrophobie
Est-il possible de vaincre la claustrophobie dans un avion, un ascenseur ou une IRM ?
À l’aide de certaines techniques de relaxation et d’accompagnement psychologique, il est possible de vivre avec cette maladie.
Avoir recours au soutien psychologique peut non seulement permettre d’approfondir les peurs et les angoisses profondément ancrées et liées aux espaces confinés, mais aussi, grâce à des stratégies spécifiques, aider le patient à y faire face de manière active.
Parmi les techniques les plus efficaces figurent la relaxation musculaire progressive, les stratégies d'exposition et le training autogène.
La relaxation musculaire progressive, développée par Edmund Jacobson en 1925, aide à réduire l'anxiété par la pratique de la contraction et du relâchement des muscles. Son efficacité dans le traitement des troubles anxieux est confirmée par des preuves scientifiques (Conrad et Roth, 2007), qui soulignent son rôle dans la lutte contre la claustrophobie.
Les stratégies d'exposition, décrites par Joseph Wolpe depuis les années 1950, impliquent une exposition progressive et contrôlée à la situation redoutée, comme les espaces confinés, afin de réduire la réponse phobique grâce à l'accoutumance.
Le training autogène, développé par Johannes Heinrich Schultz et Wilhelm Luthe, utilise également l'autosuggestion pour induire un état de relaxation profonde. Son efficacité est étayée par des recherches, telles que celle de Lukins, Davan et Drummond (1997), qui a montré que le training autogène peut réduire l'anxiété lors de procédures médicales stressantes telles que l'IRM, bien qu'il ne parvienne pas à prévenir le développement de peurs à long terme associées à ces expériences.
La thérapie pour la claustrophobie, guidée par des professionnels tels que des psychologues en ligne d’Unobravo, permet de travailler sur les peurs sous-jacentes à la phobie et de développer des stratégies efficaces pour les surmonter.
Le soutien psychologique contribue à réduire les symptômes et à améliorer la qualité de vie, en affrontant avec plus de sérénité les espaces clos qui auparavant généraient de l'anxiété.