Combien d’entre vous n’ont jamais passé une nuit blanche ? Et combien d’entre vous se sont posé la question « Pourquoi je ne m’endors pas ? » ?
De nombreuses personnes ont expérimenté au moins une fois dans leur vie des problèmes d’insomnie et, dans cet article, nous allons aborder en détail ce qu’est l’insomnie, quelles en sont les éventuelles causes, y compris les causes psychologiques, et à qui s’adresser pour la gérer et la traiter.
Qu’est-ce que l’insomnie ?
Commençons par la définition d’insomnie de Le Robert : « Difficulté à s’endormir ou à dormir suffisamment ». L’insomnie est une situation caractérisée par la difficulté à trouver le sommeil ou à le maintenir pendant toute la nuit, même en ayant des conditions favorables pour s’endormir.
L’insomnie peut apparaître dans diverses étapes de la vie, comme l’insomnie chez l’enfant ou l’adolescent, souvent liée à une mauvaise hygiène du sommeil. Elle peut aussi se manifester chez les personnes du troisième âge.
L’insomnie peut également être associée à d’autres troubles psychologiques, tels que la dépression et l’anxiété, ou à des problématiques somatiques telles que le mal au dos et l’arthrite, qui peuvent affecter la qualité du sommeil.
Types d’insomnie
On peut classer l’insomnie en différentes typologies. La première se caractérise par le moment où elle se manifeste, permettant de distinguer entre :
- l’insomnie de conciliation, caractérisée par les problèmes à s’endormir ;
- l’insomnie de maintien, où la personne s'éveille fréquemment ;
- l’insomnie du réveil précoce.
D’après la dernière édition du DSM-IV et de la Classification internationale des troubles du sommeil, en fonction de la durée des symptômes, on peut différencier entre :
- l’insomnie chronique (elle se manifeste au moins trois fois par semaine pendant les trois derniers mois),
- l’insomnie de court terme (elle se manifeste depuis moins de trois mois).
Enfin, on peut identifier divers types d’insomnie :
- Psychosomatique : caractérisée par une tension mentale et physique excessive au moment de se coucher, habituellement accompagnée de la peur de la nuit imminente.
- Idiopathique : une insomnie sans cause apparente, se manifestant depuis un temps indéterminé, probablement depuis l’enfance, et n’ayant jamais eu une rémission durable. Elle peut être liée à des conditions congénitales ou à une prédisposition génétique.
- Paradoxale : le patient ne perçoit pas son sommeil nocturne et se plaint d’être éveillé toute la nuit, même si les outils de mesure indiquent qu’il a bien dormi.
- À cause d’une mauvaise hygiène du sommeil : le rythme sommeil-veille et la qualité du sommeil sont perturbés par les activités diurnes et nocturnes.
Insomnie aiguë et chronique
L’insomnie aiguë se caractérise par des épisodes de stress et disparaît une fois ceux-ci sont surmontés.
En revanche, on parle d’insomnie chronique lorsque les nuits blanches se produisent au moins trois fois par semaine et durent pendant trois mois voire plus. Ce type d’insomnie plus sévère affecte une personne sur dix ; elle est plus fréquente chez les femmes que les hommes et elle peut s’expérimenter à n’importe quel âge, bien que les adultes y soient plus exposés par rapport aux jeunes.
En particulier, les personnes les plus vulnérables sont celles expérimentant des périodes de stress longues et intenses :
- les personnes travaillant de nuit ou en horaires décalés,
- les personnes voyageant souvent, ayant des changements de fuseaux horaires,
- les personnes ayant un état d’esprit déprimé ou ayant vécu un deuil,
- les personnes ayant des antécédents familiaux.
Combien de personnes souffrent d’insomnie en France ?
D’après l'enquête de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV), « 43 % des Français déclarent souffrir d’au moins un trouble du sommeil ». De plus, les troubles du sommeil les plus rencontrés par les Français sont notamment : « l’insomnie (19 %), les troubles du rythme du sommeil (16 %) et les apnées du sommeil (10 %) ».
Comment savoir si l’on souffre d’insomnie : symptômes principaux
Comment peut-on distinguer un problème de sommeil normal et temporaire, caractérisé par une nuit blanche, d’un trouble d’insomnie exigeant un traitement ? Les personnes souffrant d'insomnie ne sont généralement pas satisfaites de la qualité de leur sommeil et manifestent un ou plusieurs des symptômes suivants :
- de la difficulté à s’endormir,
- des réveils nocturnes accompagnés de la difficulté à retrouver le sommeil et des réveils précoces le matin,
- du sommeil non réparateur,
- de la fatigue ou du manque d'énergie pendant la journée,
- des problèmes cognitifs, tels que la difficulté à se concentrer,
- de l’irritabilité fréquente et des comportements instinctifs ou agressifs,
- des problèmes professionnels ou scolaires,
- des problèmes relationnels avec la famille, le partenaire et les amis.
Comprendre notre sommeil
Lorsque l’on souffre d’insomnie chronique, d’autres domaines de notre vie quotidienne sont également affectés. Beaucoup de personnes pensent que les problèmes de sommeil font partie de la vie. Elles ont donc tendance à ne pas demander de l’aide pour les résoudre.
Cependant, il est important de ne pas sous-estimer ces signaux, car le sommeil est un aspect fondamental de notre santé et de notre bien-être général. Pour savoir si les symptômes énumérés auparavant correspondent avec un trouble d’insomnie, il peut être utile de se poser quelques questions sur les habitudes de sommeil :
- Avez-vous du mal à vous endormir ou à maintenir le sommeil ? Ou vous réveillez-vous en avance le matin ? Combien de fois par semaine cela vous arrive ?
- À quelle heure vous couchez-vous ? À quelle heure vous réveillez-vous ? Faites vous une sieste, y compris une petite sieste, pendant la journée ?
- Vos horaires de sommeil pendant le week-end sont différents à ceux de la semaine ? Votre travail exige-t-il d’adapter les horaires de sommeil ?
- Lorsque vous ne réussissez pas à bien dormir, vous levez-vous, lisez-vous, regardez-vous la télévision, travaillez-vous à l’ordinateur ou regardez-vous votre téléphone ? Avez-vous essayé quelque chose dans le passé qui vous a aidé à dormir ?
- Lorsque vous ne trouvez pas le sommeil, vous sentez-vous angoissé ou inquiété en raison des tâches que vous devez faire ou de vos responsabilités ?
- Comment est l’environnement où vous vous reposez ? Votre chambre est-elle sombre et calme ? Votre lit est-il confortable ?
- Est-ce qu’il y a des éléments pouvant vous perturber pendant la nuit (par exemple, la présence d’enfants à la maison) ? Dormez-vous seul ou en couple ?
- Avez-vous des problèmes pour vous endormir depuis longtemps, ou s’agit-il d’un problème récent ?
- Avez-vous vécu récemment d’importants changements dans votre vie (des déplacements, un nouveau travail) ou des événements stressants (une séparation, des problèmes financiers) ?
- Souffrez-vous d’une pathologie médicale ?
Ces questions peuvent être un bon début pour apprendre à connaître vos habitudes de sommeil. Lorsque les problèmes d'insomnie se manifestent avec une fréquence de trois fois par semaine, voire plus et ce, depuis au moins trois mois, il est très probable qu’il s’agisse d’un trouble d’insomnie et il est conseillé de consulter un expert.
Les causes de l’insomnie
Parmi les causes principales de l’apparition de l’insomnie, les suivantes jouent un rôle essentiel : le stress, une hygiène du sommeil inadéquate, la présence de problèmes médicaux et des facteurs environnementaux peu favorables.
D’après le Modèle des 3P de Spielman, on peut identifier trois types de facteurs responsables du développement du trouble :
- Les facteurs prédisposants : la vieillesse, le genre féminin, l’histoire familiale du trouble et la tendance à être hypervigilant.
- Les facteurs précipitants : un événement stressant ou traumatique tel qu’un deuil compliqué, des problèmes familiaux, des problèmes au travail ou de santé, et la présence de préoccupations.
- Les facteurs perpétuants : l’adoption de comportements non fonctionnels pour réussir à s’endormir, des conceptions erronées concernant les heures de sommeil et ce qui peut le favoriser, la peur et l’angoisse associées à la pensée de ne pas être capable de s’endormir, et les préoccupations liées à la perte du sommeil.
Les causes psychologiques de l’insomnie
Comme vu dans le Modèle des 3P, certains facteurs psychologiques sont aussi certainement compris parmi les causes de l'insomnie, tels que :
- l’anxiété et les troubles anxieux, tels que le trouble anxieux généralisé ou le trouble panique,
- la dépression,
- les situations stressantes, aussi bien à court qu’à long terme, telles que le trouble de stress post-traumatique (TSPT),
- les traumatismes psychologiques,
- la rumination et les pensées négatives, ou
- les troubles psychosomatiques tels que le bruxisme.
De même, l’insomnie peut aussi se manifester dans certains troubles psychiques et neurodivergences tels que le trouble bipolaire et le TDAH.
Dans le cas du trouble bipolaire, pendant les épisodes maniaques, le niveau élevé d'énergie, l’euphorie et l’inquiétude peuvent réduire la nécessité de sommeil et contribuer à la difficulté de l’endormissement.
En revanche, pendant les épisodes dépressifs, l’insomnie peut se manifester à travers des problèmes pour s’endormir ou pour maintenir le sommeil, souvent provoqués par des pensées négatives et des préoccupations. De plus, les sautes d’humeur peuvent interrompre les rythmes circadiens naturels et aggraver davantage les problèmes de sommeil.
Les personnes atteintes de TDAH présentent généralement des problèmes de sommeil en raison de l’hyperactivité, de l’impulsivité et de l’inactivité régulatrice du cerveau caractéristiques du trouble. En outre, les effets secondaires des médicaments stimulants utilisés pour traiter le TDAH peuvent également aggraver l’insomnie. L’incapacité à se détendre ou à « éteindre les pensées » peut contribuer à augmenter la difficulté à s’endormir et à maintenir un sommeil de qualité.
D’autres causes de l’insomnie
Au-delà des causes psychologiques, l’insomnie peut aussi avoir des causes hormonales ou neurologiques. En ce sens, il convient de mentionner l’insomnie pendant la grossesse ou la ménopause, où les changements hormonaux peuvent influencer le sommeil, ou des troubles tels que le syndrome de jambes sans repos (SJSR), un trouble neurologique.
De plus, parmi les causes de l’insomnie, on peut énumérer le manque de magnésium, le diabète, le dysfonctionnement de la thyroïde et les problèmes respiratoires tels que l’asthme ou la dyspnée.
Le cercle vicieux de l’insomnie
L’insomnie perdure au fil du temps et se transforme en un véritable trouble principalement, mais non uniquement, en raison de « facteurs perpétuants » mentionnés auparavant. Ces facteurs sont des pensées dysfonctionnelles incluant des pensées négatives que la personne peut avoir concernant le sommeil et ses conséquences émotionnelles et comportementales.
Les pensées dysfonctionnelles représentent les formes sous lesquelles notre esprit se persuade de quelque chose, peu importe que cela soit vrai ou non. Celles-ci font que d’autres habitudes, comportements et émotions, également dysfonctionnels perdurent et interfèrent dans le sommeil, souvent sans que nous ne nous en rendions compte.
Nous avons la pensée dysfonctionnelle : « Je ne réussirai pas à fermer l’oeil de la nuit ». L’émotion que nous ressentons est l’angoisse. Le comportement compensatoire dysfonctionnel que cela entraîne est : « Je me couche plus tôt pour avoir plus de temps pour essayer de m’endormir ».
La pensée dysfonctionnelle revient : « Si je ne m’endors pas rapidement, je ne réussirai pas à dormir et demain je ne serai pas capable de bien travailler ». L’émotion : l’angoisse, la préoccupation et la peur.
Comme nous pouvons le constater, cela devient un véritable cercle vicieux de pensées-émotions-comportements, qui peut continuer indéfiniment en produisant d’autres pensées dysfonctionnelles et en menant à d’autres comportements compensatoires inadéquats qui ne font que contribuer à aggraver le trouble.
Les conséquences de l’insomnie
Souffrir d’insomnie, spécialement s’il s’agit d’une condition qui perdure au fil du temps, peut mener à expérimenter notamment :
- de la fatigue, du manque d’énergie et de l’asthénie,
- des problèmes de concentration, de mémoire et de capacité de décision,
- des sautes d’humeur et de l’irritabilité,
- une diminution de la qualité de vie, avec un impact négatif sur les relations sociales et professionnelles.
Ces conséquences soulignent l’importance de traiter l’insomnie en consultant un professionnel qualifié pour maintenir une bonne santé psychosomatique.
Comment traiter l’insomnie ?
Traiter l'insomnie à l’aide d’un professionnel
Si vous pensez que vous souffrez d’insomnie, il pourrait être utile de faire un test de dépistage tel que l’Index de Sévérité de l’Insomnie. Néanmoins, un test de dépistage ne fournit pas un diagnostic adéquat pour déterminer un traitement, étant donné qu’il peut varier d’une personne à une autre.
En effet, il est nécessaire de réaliser d’autres tests pour établir un diagnostic et un traitement, qui peut être médicamenteux, psychologique ou les deux. Vous pouvez commencer par parler avec votre médecin ou votre psychologue, ou consulter un psychologue en ligne comme ceux qui collaborent avec Unobravo.
Par exemple, un professionnel de la santé mentale.
Parmi les diverses approches psychothérapeutiques, la thérapie cognitivo-comportementale s’est révélée particulièrement utile pour l’insomnie, car elle permet de :
- éduquer à l’hygiène du sommeil,
- fournir des techniques utiles pour maintenir une routine saine,
- suggérer des techniques de relaxation telles que le mindfulness pour l’anxiété,
- identifier et modifier les pensées négatives ou déformées à propos du sommeil contribuant à l’insomnie.
En ce qui concerne les personnes âgées, comme souligné par la Haute Autorité de Santé (HAS) :
« Le sentiment de “mal dormir” pousse de nombreuses personnes âgées à se plaindre d’insomnie, sans que cela en soit véritablement une. La plainte du sommeil chez la personne âgée doit faire l’objet d’un entretien spécifique lors d’une consultation dédiée. [...] Devant des plaintes chroniques du sommeil, le médecin doit rechercher des signes associés et orienter son patient vers un spécialiste si besoin : douleurs, anxiété, dépression ou encore problèmes urinaires, apnée du sommeil peuvent expliquer le sommeil de mauvaise qualité et doivent être recherchés. »
Dans certains cas, et seulement sous strict contrôle médical, l’insomnie peut être traitée avec la thérapie médicamenteuse. Cependant, avant de procéder à ce type de thérapie et dans la mesure du possible, il est essentiel d’identifier et de traiter la cause sous-jacente de l’insomnie afin d’améliorer la qualité du sommeil à long terme.
Bibliographie
- American Psychiatric Association (2023), Manuale diagnostico e statistico dei disturbi mentali, Quinta edizione. Text Revision (DSM-5-TR), Éditeur Raffaello Cortina
- American Academy of Sleep Medicine (2014). International Classification of Sleep Disorders: Diagnostic & Coding Manual, AASM publisher
- Espie, C.A. (2018), Superare l'insonnia. Come dormire meglio con la terapia cognitivo-comportamentale, Erickson.