Diagnostic du TDAH chez l’adulte

Diagnostic du TDAH chez l’adulte
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Ilaria Tonelli
La Rédaction
Psychologue spécialisée en thérapie psychodynamique
Unobravo
Article révisé par notre rédaction clinique
publié le
7.3.2025
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Le TDAH (trouble déficit de l’attention/hyperactivité) est une affection clinique généralement diagnostiquée chez les enfants en tant que trouble du neurodéveloppement, mais elle est de plus en plus souvent reconnue chez l’adulte. Un diagnostic tardif peut aider la personne à se connaître et à mieux comprendre ses difficultés, mais il entraîne aussi des défis importants.

L'exigence clinique la plus pertinente pour le diagnostic psychologique du TDAH est l'apparition de symptômes pendant l'enfance. C'est la condition sine qua non afin que, de l'enfance à l'âge adulte, la symptomatologie se poursuive et persiste jusqu'au moment de l'évaluation clinique.

La prévalence du TDAH dans l'enfance est estimée à environ 4-7 % et peut persister à l'âge adulte dans 65 % des cas. Une étude publiée sur BMC Psychiatry (Katzman et al., 2017) a démontré que les enfants atteints de TDAH peuvent ne pas « surmonter » le trouble à l'âge adulte, et que le TDAH peut également apparaître plus tard au cours de la vie.

En tant qu’affection chronique apparaissant dès l'enfance, il est nécessaire d'évaluer non seulement les symptômes du TDAH, mais aussi son évolution et sa dégradation fonctionnelle au fil du temps. Grâce à un entretien structuré basé sur les antécédents médicaux du patient, il est possible d'étudier l'apparition du trouble et d'établir une corrélation avec des facteurs neurobiologiques et environnementaux.

Dans la mesure du possible, les antécédents médicaux doivent être complétés par des informations provenant des proches du patient qui l'ont bien connu lorsqu'il était enfant.

TDAH : symptômes chez l’adulte

Comment reconnaître un TDAH chez l'adulte ? Les symptômes du TDAH chez l’adulte peuvent se manifester de manière différente par rapport à chez l’enfant et influencer sur plusieurs aspects de la vie quotidienne, tels que :

  • le travail et l’éducation,
  • les relations interpersonnelles, qu'il s'agisse de relations amicales, amoureuses ou familiales,
  • les loisirs et les hobbies,
  • la gestion du temps et les finances,
  • l’estime de soi et l’image que l’on a de soi.

L'un des outils que les professionnels peuvent utiliser pour établir un diagnostic précis est le questionnaire DIVA (Diagnostic Interview for ADHD in Adults), qui examine les principaux symptômes du TDAH sans toutefois aborder la question d'une éventuelle comorbidité avec d'autres syndromes ou troubles psychiques.

C’est pourquoi le diagnostic, qui est généralement posé sur la base des critères diagnostiques du DSM-5-TR, doit être transversal, intégré et établi par exclusion. Une évaluation rigoureuse de l'ensemble des symptômes et de leur impact fonctionnel sur le patient est essentielle.

Parmi les symptômes principaux on trouve notamment :

  • l’inattention ou la difficulté à se concentrer et à maintenir son attention lors de l'exécution de tâches complexes ou de longue durée, à suivre des instructions et  mener à bien des tâches ;
  • l’impulsivité, qui peut mener à des décisions hâtives et rendre difficile le contrôle des émotions ;
  • l’hyperactivité ;
  • la tendance à procrastiner ;
  • un faible niveau de tolérance à la frustration ;
  • l’incapacité à gérer l’attente.

Au quotidien, ces symptômes se manifestent par :

  • un manque d’attention aux détails,
  • la difficulté à organiser les tâches et les activités,
  • le fait de parler excessivement ou d’être agité,
  • la difficulté à se détendre,
  • le surmenage,
  • des oublis et des distractions.

Ces difficultés peuvent poser des défis importants dans la vie quotidienne. Les personnes atteintes de TDAH ont souvent du mal à maintenir des relations stables et peuvent ressentir un sentiment d'inadéquation ou de frustration lié à la difficulté de répondre aux attentes sociales et professionnelles.

Faire face à ces obstacles sans un diagnostic et un soutien appropriés peut augmenter le risque de développer des troubles de l'humeur et de l'anxiété, ce qui rend encore plus complexe la gestion du trouble dans la vie de tous les jours.

Des sources fiables, telles que l'American Psychiatric Association (APA) et le National Institute of Mental Health (NIMH), affirment que le TDAH chez l'adulte est un trouble réel et souvent sous-estimé qui nécessite des interventions appropriées et des stratégies de coping efficaces pour améliorer la qualité de vie.

tdah chez l'adulte
cottonbro studio - Pexels

Comorbidité du TDAH

Les adultes atteints de TDAH présentent souvent une comorbidité avec d'autres troubles tels que l'anxiété, la dépression et les troubles du sommeil. Le DSM-5 inclut des critères pour un diagnostic différentiel.

Le trouble bipolaire est parmi les comorbidités les plus fréquentes du TDAH, ce qui suffit à suggérer une très forte corrélation entre les deux conditions (Schiwek et al., 2021). Une hypothèse plausible est que le TDAH et les troubles de l'humeur trouvent leur origine dans une neurobiologie similaire (Long et al., 2024).

Le TDAH a une haute prévalence de comorbidité avec le trouble bipolaire. On estime un taux de comorbidité d’entre 9,5 % et 21,2 %, et un taux d’entre 5,1 % et 47,1 % dans le cas du trouble bipolaire comorbide dans le TDAH. Le trouble bipolaire I est le plus habituel parmi les personnes atteintes de TDAH par rapport au trouble bipolaire II. Les caractéristiques de la phase maniaque du trouble bipolaire se superposent à celles du TDAH et comprennent l'inquiétude, le bavardage, la distractibilité et l’agitation.

Dans l’étude de Tamam et al., 65 % des personnes atteintes de TDAH présentaient un début précoce du trouble bipolaire (chez les moins de 18 ans), en comparaison avec seulement 20 % des individus sans TDAH comme comorbidité.

En plus d’un âge d’apparition plus précoce, il a été démontré que les personnes atteintes de trouble bipolaire et de TDAH ont une évolution globale de la maladie plus grave, avec des périodes de bien-être plus courtes, des épisodes de manie et de dépression plus fréquents et une incidence plus élevée de troubles psychiatriques supplémentaires, y compris des troubles anxieux qui sont souvent accompagnés de la consommation de substances.

Les questions concernant le rôle des stimulants dans la dépression bipolaire ne sont pas encore résolues. Cependant, d’après l’étude de Wingo et al., le possible risque accru de manie/hypomanie associée aux stimulants chez les patients atteints de trouble bipolaire reste encore une source de préoccupation.

En fait, une étude de Spencer et al. (2007) a montré que le TDAH et les troubles psychiatriques impliquent deux régions similaires du cerveau. Les techniques de neuro-imagerie ont mis en évidence des différences dans le volume et l'activité du lobe frontal, responsable de l'attention, de la sélection des comportements et des émotions.

Des études sur les neurotransmetteurs ont également révélé des anomalies dans la signalisation de la dopamine (DA) et de la norépinéphrine (NE), ce qui confirme la conclusion de Volkow et al. (2012) selon laquelle les hausses de dopamine induites par le méthylphénidate sont associées à la réponse thérapeutique chez les personnes souffrant de TDAH.

Il est donc évident que l'environnement, c'est-à-dire le contexte socio-familial, peut être un terrain fertile non seulement pour les modes d'apprentissage comportemental, mais aussi pour l'expressivité du gène (Bezdjian et al., 2011).

Incidence et épidémiologie du TDAH chez les adultes

Les variantes et les différences concernant l'incidence du TDAH dans les différentes cultures sont également incluses dans le DSM-5. Par exemple, dans la population afro-américaine et hispanique des États-Unis, l'incidence est plus faible que dans la population caucasienne. Il semble que la culture d'origine, ainsi que l'environnement dans lequel on grandit, transmettent et requièrent une adaptation qui peut favoriser ou non le développement du TDAH.

D’après certaines études (Katzman et al., 2017), le TDAH persiste chez un pourcentage important d'adultes auxquels le trouble a été diagnostiqué dès l'enfance. La prévalence chez l’adulte est estimée à environ 2-5 %. En raison d'une prise de conscience et d'une reconnaissance accrue de ce trouble, on a assisté ces dernières années à une augmentation des diagnostics et des recherches sur ce trouble neurodéveloppemental.

Types de TDAH chez l’adulte

D’après le DSM-5, il existe trois sous-types de TDAH. Le traitement et l’approche thérapeutique peuvent se personnaliser en fonction du sous-type diagnostiqué. De plus, en fonction des symptômes prévalents, on peut différencier entre :

  • TDAH inattentif,
  • TDAH hyperactif/impulsif,
  • TDAH combiné.

Les personnes appartenant au type inattentif ont un faible niveau d'attention et sont très facilement distraites. Ces personnes s'ennuient rapidement et sont incapables de se concentrer sur une seule chose à la fois, ce qui implique des difficultés à établir et à maintenir la concentration, à passer d'un projet à l'autre et à achever les tâches.

En revanche, dans le type hyperactif/impulsif, on observe principalement un dérèglement des impulsions et une incapacité à maintenir un état physique calme. Cette dysrégulation est souvent attribuée à la présence d'un trouble de la personnalité limite ou à l'abus de substances.

Une étude sur l'impact du TDAH des parents sur les enfants (Biederman et al., 2002) a également montré que les enfants ressentent le trouble chez les parents et sont exposés à un environnement familial caractérisé par de nombreux conflits et une faible cohésion.

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TDAH chez l’adulte : diagnostic

Comment diagnostiquer un TDAH chez l’adulte ? Le diagnostic du TDAH chez l’adulte est complexe pour diverses raisons, à savoir :

  • Un manque de personnel spécialisé : il existe peu de centres spécialisés dans le diagnostic du TDAH chez l'adulte qui offrent une approche multidisciplinaire et garantissent la présence de professionnels expérimentés dans la prise en charge du trouble.
  • Les critères de diagnostic traditionnels ont été développés principalement pour le TDAH chez l’enfant, ce qui rend difficile leur application aux adultes. Par conséquent, il n'existe pas non plus de critères de référence clairs et validés pour les adultes.
  • Chez les adultes, le TDAH a tendance à être chronique et est souvent associé à d'autres troubles. Les comorbidités peuvent masquer ou compliquer le processus de diagnostic.

En raison de la présence de comorbidités, il est essentiel que le professionnel établisse un diagnostic différentiel précis afin de distinguer le TDAH d'autres troubles pouvant présenter des symptômes similaires, tels que l'anxiété, la dépression et les troubles du sommeil.

Ce processus permet de s'assurer que le traitement est approprié et adapté aux symptômes spécifiques du patient. En outre, il est essentiel de différencier d’autres possibles troubles de la personnalité tels que le trouble de la personnalité borderline, les troubles de l’humeur et, en particulier, le trouble bipolaire et le trouble obsessionnel compulsif. 

Test du TDAH chez l’adulte et autres outils diagnostiques

Qui peut diagnostiquer un TDAH chez l'adulte ? En ce qui concerne la manière dont le TDAH chez l'adulte est diagnostiqué et par qui, les psychiatres et psychologues spécialisés doivent suivre une procédure rigoureuse pour diagnostiquer le TDAH et, par conséquent, structurer un plan de traitement pertinent.

L'entretien avec le patient, la compréhension de son histoire et de son vécu, ainsi que l'écoute d'éventuelles sources externes telles que les parents et les amis, permettent de dresser un premier tableau de la situation clinique de la personne.

Parmi les nombreux outils dont disposent les professionnels de la santé mentale pour diagnostiquer le TDAH chez l'adulte figurent les entretiens cliniques, les questionnaires d'auto-évaluation et les échelles d'évaluation comportementale, telles que le questionnaire ASRS (Adult ADHD Self-Report Scale) et le questionnaire de Conners (Conners' Adult ADHD Rating Scales), ainsi que le test DIVA mentionné auparavant.

Les tests neuropsychologiques, qui évaluent la mémoire, l'attention et les fonctions exécutives, donnent un aperçu impartial des capacités cognitives et aident à valider les déficits cognitifs liés au TDAH. L'utilisation d'une méthodologie organisée qui intègre l'auto-évaluation, des données supplémentaires, des entretiens de diagnostic et des tests transversaux pour le diagnostic différentiel, permet d'obtenir un diagnostic plus fiable.

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TDAH chez l’adulte : traitement

Comment traiter le TDAH chez l'adulte ? Le modèle clinique le plus fonctionnel pour le traitement du TDAH chez l'adulte est le modèle intégré et multidisciplinaire. Cette approche peut impliquer des psychologues, des psychiatres, des neurologues et des ergothérapeutes qui travaillent ensemble à l'élaboration d'un plan de traitement personnalisé.

La collaboration entre les professionnels permet d'aborder les différentes facettes du trouble de manière holistique et aboutit à un résultat plus structuré et plus durable pour le bien-être mental du patient. Le travail d'équipe permet également un soutien mutuel entre les professionnels impliqués dans la prise en charge des patients atteints de TDAH, car la charge de travail et les responsabilités sont partagées et constamment évaluées.

La thérapie pour les adultes souffrant de TDAH implique souvent une approche combinée de thérapie pharmacologique et de psychothérapie. Par exemple, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est efficace pour aider les patients à développer des stratégies de gestion des symptômes et à améliorer de manière significative leur qualité de vie.

En ce qui concerne le traitement non médicamenteux du TDAH chez l’adulte, en plus de la psychothérapie, la réadaptation sociale du patient peut également contribuer à une meilleure adaptation et à la réalisation d'objectifs professionnels et sociaux.

Chez certains patients, il peut être nécessaire d'intégrer une thérapie pharmacologique. L'utilisation de médicaments pour le TDAH chez les adultes est très courante aux États-Unis et au Canada, il suffit de penser à l'utilisation parfois inappropriée du méthylphénidate jusqu'à il y a quelques années, même chez les enfants.

Malgré son utilisation inappropriée, le méthylphénidate reste la molécule de choix pour réussir à contenir les symptômes du TDAH, en plus de certains tricycliques couramment utilisés pour traiter la dépression.

Dans Treatment of Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder (Jadad et al., 1999), on peut consulter plus de soixante-dix essais contrôlés randomisés sur l'efficacité de médicaments spécifiques chez les patients souffrant de TDAH.

Le patient après le diagnostic de TDAH

Le diagnostic de TDAH, lorsqu'il est effectué à l'âge adulte, peut offrir une nouvelle perspective sur les difficultés rencontrées par le patient tout au long de sa vie. Les personnes concernées font souvent état d'un sentiment de soulagement lorsqu'elles comprennent l'origine de leurs difficultés scolaires, professionnelles et relationnelles. Toutefois, ce diagnostic peut également générer des sentiments de frustration et de perte, surtout si l'on considère le temps que le patient a passé sans bénéficier d'un soutien adéquat.

Il est important pour le professionnel de se montrer sensible à ces réactions et de fournir un soutien émotionnel et des stratégies pour gérer tout ce qu'implique un diagnostic tardif. La gestion des symptômes ressentis tout au long de la vie et, surtout, la compréhension de ces derniers, peuvent s'inscrire dans un cadre qui porte enfin un nom.

Un défi actuel

Le diagnostic du TDAH chez l'adulte est un défi complexe mais fondamental pour améliorer la qualité de vie des patients. Il est essentiel que les professionnels de la santé mentale soient correctement formés pour reconnaître et traiter ce trouble.

La sensibilisation et la reconnaissance accrues de ce trouble se traduisent par une plus grande disponibilité des ressources et du soutien, et offrent, grâce à un diagnostic précis et opportun, de nouvelles opportunités aux personnes vivant avec le TDAH.

Il existe également un nombre croissant d'initiatives et d'associations visant à soutenir les patients et les familles, telles que l’association HyperSupers - TDAH France

Bibliographie
Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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