Troubles alimentaires
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Anorexie mentale : symptômes, causes, conséquences et traitement

Anorexie mentale : symptômes, causes, conséquences et traitement
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Emma Lerro
La Rédaction
Psychologue et psychothérapeute spécialisée en thérapie cognitivo-comportementale
Unobravo
publié le
3.9.2024

La relation entre le cerveau et le corps est très délicate et profonde, parfois jusqu’au point d’affecter le bien-être mental et physique d’une personne. Dans cet article, nous aborderons les défis liés à la perception de soi par rapport à l’alimentation.

En particulier, nous parlerons de l’anorexie mentale et de comment les causes et les conséquences de ce trouble mettent en évidence la complexe relation entre l’alimentation, le corps et le bien-être psychophysique.

Qu’est-ce que l’anorexie mentale ?

L’anorexie mentale est un des troubles du comportement alimentaire le plus connu. Elle se caractérise par une préoccupation excessive à l’égard du poids corporel, accompagnée d’une restriction extrême de la consommation d’aliments, souvent associée à une perception déformée de son propre corps.

La personne atteinte d’anorexie peut manifester des comportements obsessionnels concernant le poids, éviter des repas et réduire radicalement l’apport calorique, jusqu’au point de provoquer une perte de poids significative.

Pour connaître la signification littérale du mot anorexie, il faut faire appel à l’origine grecque du terme, qui provient de “a” qui signifie « sans » et oreksis qui signifie « appétit ».

Cependant, malgré son étymologie, la définition de l'anorexie est davantage liée aux caractéristiques psychologiques et comportementales de la personne anorexique, notamment en ce qui concerne la perception de soi et la relation avec la nourriture, qu'à l'absence d'appétit suggérée par son étymologie.

symptômes de l'anorexie mentale
Elena Leya - Unsplash

Les symptômes de l’anorexie mentale

Le début de l’anorexie mentale peut varier d’une personne à l’autre, mais il y a certains signaux et comportements qui indiquent le possible développement du trouble. En fait, l’anorexie mentale présente des symptômes physiques et psychologiques. Les symptômes physiques les plus fréquents sont notamment :

  • la perte de poids rapide, 
  • l’absence ou l'irrégularité du cycle menstruel chez les femmes,
  • la fatigue et l’asthénie,
  • la réduction de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle,
  • les troubles du sommeil, 
  • la difficulté à maintenir la concentration,
  • les modifications du système gastrointestinal telles que la constipation, le ballonnement abdominal ou les problèmes digestifs.

Tout comme ces symptômes physiques de l’anorexie mentale, il existe aussi des signaux psychologiques et comportementaux tels que :

  • la restriction volontaire de l’apport calorique et l’évitement de certains aliments considérés comme particulièrement « dangereux » (aliments tabou) ;
  • la préoccupation et le contrôle constants de son propre poids ;
  • la rumination de pensées liées au son propre corps et à la nourriture ;
  • l’activité physique intense et prolongée visant à brûler autant de calories que possible ;
  • l’isolement social, surtout dans les situations dans lesquelles on mange ;
  • la perception déformée de la taille et de la forme de son propre corps, indépendamment des preuves objectives et, dans certains cas, la dysmorphophobie ;
  • des niveaux élevés d’anxiété associés à son propre aspect physique ;
  • la peur d’échouer, la honte et le désir de perfection (perfectionnisme clinique) ;
  • les troubles dépressifs, caractérisés par la perte d’intérêt ou de plaisir à faire des choses, l’irritabilité et les sautes d’humeur ;
  • la faible estime de soi.

La honte, le perfectionnisme et la faible estime de soi sont parmi les facteurs qui contribuent au maintien des troubles alimentaires. Ceux-ci font partie des éléments sur lesquels il est possible de travailler à l’aide d’un parcours objectif de thérapie psychologique.

L’anorexie mentale est un trouble complexe qui peut avoir des conséquences sévères. Le fait de faire attention aux premiers signaux de l’anorexie peut s’avérer crucial pour garantir que la personne à risque reçoit l’aide dont elle a besoin dans les plus brefs délais.

Les phases de l’anorexie

En générale, l’anorexie mentale n’est pas divisée en « phases » comme c’est le cas d’autres conditions. Néanmoins, les symptômes et leur sévérité peuvent varier au fil du temps et le trouble peut passer par diverses phases en fonction de chaque personne. Voici un exemple des différentes phases que l’on peut décrire :

  • La phase d’apparition : où on peut trouver les premières préoccupations à l’égard du poids et de la forme corporelle, ainsi que certains comportements alimentaires restrictifs.
  • La phase de consolidation : pendant laquelle on peut apercevoir une augmentation de la restriction alimentaire et, en conséquence, une perte de poids progressive et l’apparition de comportements de purgation ou d’activité physique excessive, utiles à brûler des calories.
  • La phase de déclin physique et psychologique : où la personne expérimente une perte de poids sévère qui comporte également des problèmes physiques et peut se manifester en concomitance avec certains troubles psychiques, tels que les troubles anxieux et dépressifs.
  • La phase critique : où la personne peut être exposée à des risques sévères pour la santé, tels que nuir le fonctionnement physiologique de l’organisme et s’isoler afin d’éviter autant que possible les rapports familiaux et sociaux.

Ces phases ne s'appliquent pas à toutes les personnes souffrant d'anorexie mentale, car le parcours peut varier considérablement d'un individu à l'autre. Ce qu'il est important de retenir, c'est que l'anorexie est une pathologie pouvant mettre la vie en danger [1], et qu'il est crucial de demander de l'aide.

Causes de l’anorexie mentale

Les troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie et la boulimie, bien qu’ils présentent des différences, ont une base commune.

Les facteurs qui se trouvent parmi les causes principales de l’anorexie sont notamment :

  • les facteurs socioculturels et environnementaux,
  • les facteurs psychologiques et
  • les facteurs familiaux.

Les facteurs socioculturels qui provoquent l’anorexie mentale

Les idéaux de beauté irréalistes, transmis et alimentés par les médias traditionnels et digitaux, constituent un risque énorme. C’est ce qui révèlent plusieurs études telles que celle qui analyse les effets des contenus web Pro-Ana et Pro-Mia [2] (pro-anorexie et pro-boulimie), où l’on trouve des conseils sur comment perdre du poids ainsi qu’un espace pour partager des témoignages sur l’anorexie mentale et d’autres troubles tels que l’addiction alimentaire et la boulimie.

En ce qui concerne l’âge, les adolescents sont particulièrement en danger, étant donné qu’ils passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et qu’ils sont plus sensibles aux influences extérieures et risquent de souffrir du body shaming. En effet, cette étape de la vie, très délicate et déterminante pour la vie adulte, est caractérisée par l’incertitude et la peur.

Heureusement, il existe également des exemples de communication qui visent à sensibiliser aux risques qui peuvent découler de certains contenus présents sur le Web et les réseaux sociaux, tels que la campagne publicitaire de Dove Le coût de la beauté.

Les causes psychologiques de l’anorexie mentale

La personne qui a intériorisé un certain sentiment d’inadéquation, d'insécurité et de faible estime de soi (nous avons déjà souligné le rôle de l’estime de soi dans les troubles alimentaires) peut être plus sensible aux standards de beauté et aux attentes sociales, ce qui contribue à l’apparition de l’anorexie.

La présence de caractéristiques psychologiques telles qu’un forte perfectionnisme et l'alexithymie — la difficulté à identifier ses propres émotions — peut également influencer l’apparition d’un trouble tel que l’anorexie.

À ce que l’on ajoute parfois des possibles traumatismes ou des événements très stressants expérimentés par la personne, tels que des problèmes dans les relations ou le fait d’avoir vécu des épisodes de harcèlement.

Il est aussi possible que la personne lutte contre sa propre peur de perdre le contrôle sur certains aspects de sa vie en adoptant un comportement hyper-contrôleur à l’égard de l’alimentation et de la forme physique.

Les causes familiales de l’anorexie mentale

Les problèmes familiaux sont également parmi les causes possibles de l’anorexie mentale. Les relations familiales peuvent être une source de stress et de conflits, pas toujours faciles à gérer et à résoudre.

Un autre facteur de risque des troubles alimentaires est le fait de grandir dans un contexte où on ne réussit pas à parler librement de ses émotions. Par exemple, l’existence de conflits graves au sein de la famille peut rendre difficile l’ouverture aux autres.

On sait qu’il peut exister une forte corrélation entre la nourriture et les émotions (la faim émotionnelle en est un exemple). Dans certains cas, le fait de ne pas être habitué à reconnaître ce que l’on éprouve et à gérer des émotions telles que la colère, peut contribuer à l’apparition du trouble de la conduite alimentaire, comme précisé dans l’étude [3] menée sur les quatre émotions de base en relation aux problèmes alimentaires.

En ce qui concerne l’existence de causes liées aux facteurs génétiques, il s’agit d’un sujet très débattu qui fait encore l’objet de la recherche et de la réflexion. Dans une étude [4] de révision de la littérature, on lit que « Des études sur les jumeaux et les familles ont trouvé des estimations élevées d’hérédité, ce qui montre une contribution significative des facteurs génétiques à l’anorexie mentale. [...] Cependant, malgré des années de recherche intense et des nombreux indices prometteurs, il n’a pas été prouvé qu’un seul gène constitue un facteur de risque important. ».

Conséquences de l’anorexie mentale

Certains des symptômes de l’anorexie mentale énumérés précédemment peuvent s’aggraver et manifester les conséquences du trouble sur l’organisme, notamment :

  • la perte de poids excessive découlant de la restriction alimentaire,
  • les problèmes cardiovasculaires,
  • l'irrégularité du cycle menstruel chez les femmes et les déséquilibres hormonaux,
  • l’impact nuisible sur le système digestif,
  • la faiblesse musculaire provoquée par le manque de protéines et de nutriments essentiels, et
  • la difficulté à se concentrer.

Les troubles dépressifs, les troubles anxieux et l’isolement social complètent le tableau (non exhaustif) des possibles conséquences de l’anorexie.

Types d’anorexie mentale

Dans le DSM-5, l’anorexie mentale est catégorisé dans deux types principaux : l’anorexie de type restrictif et l’anorexie de type accès hyperphagiques/purgatif.

  • L’anorexie de type restrictif : la restriction alimentaire se base principalement sur la quantité d’aliments ingérée. Les personnes limitent radicalement l’apport calorique et évitent souvent des groupes d’aliments entiers (tels que les aliments riches en graisse et carbohydrates).
  • L’anorexie de type accès hyperphagiques/purgatif : caractérisée par les accès de gloutonnerie, suivies de comportements tels que la consommation de laxatifs ou diurétiques et les vomissements auto-provoqués.

L’anorexie mentale atypique est un autre type d’anorexie qui constitue une variante du trouble, classée dans le DSM-5 parmi les troubles de l’alimentation spécifiés. Elle se caractérise par des comportements alimentaires restrictifs, des préoccupations excessives à l’égard du poids et de la forme corporelle, ainsi que des crises de gloutonnerie ; mais la caractéristique principale de l’anorexie atypique est le fait que la perte de poids se situe dans une plage normale.

Il existe aussi d’autres formes connues sous le nom d’« anorexie » de manière inappropriée ou informelle. Voici quelques exemples :

  • L’anorexie provoquée par le stress : il n’existe pas de diagnostic officiel d’« anorexie provoquée par le stress » reconnue dans les manuels diagnostiques. Cependant, le terme pourrait s’utiliser informellement pour décrire des situations où l’anorexie mentale est déclenchée ou aggravée par le stress émotionnel ou des événements traumatisants.
  • L’anorexie inversée (ou bigorexie) : il s’agit d’une définition parfois utilisée pour décrire une variante de l’anorexie mentale, où la personne montre une inquiétude persistante d’avoir un corps « trop mince » ou peu musclé, et présente des comportements alimentaires restrictifs et une addiction à l’exercice physique.
  • L’anorexie de la personne âgée : ce terme s’utilise dans le domaine gériatrique pour faire référence à une possible manifestation multifactorielle du vieillissement, où on trouve une diminution de la consommation d’aliments liée à l’absence de motivation pour manger. 
comment traiter l'anorexie mentale
Rylan Krupp -Unsplash

Comment traiter l’anorexie mentale

Faire face et surmonter l’anorexie mentale est possible, mais il est nécessaire d’adopter une approche multidisciplinaire qui implique des professionnels de la santé mentale, des médecins et des spécialistes en nutrition. Pour le diagnostic du trouble alimentaire, les professionnels peuvent avoir recours à divers outils, tels que les tests psychologiques.

Bien qu’il n’existe pas un test spécifique de l’anorexie, le clinicien peut utiliser, par exemple, le test EAT-26 (Eating Attitude Test), un outil de screening utile à collecter des éléments pour faire un diagnostic plus complet.

Il est crucial que la personne confrontée à des troubles alimentaires, ainsi que ses proches, reconnaissent dès que possible les signes d'une éventuelle apparition de l'anorexie, afin d'intervenir le plus rapidement possible.

Comment aider une personne atteinte d’anorexie

Chaque année, la journée mondiale des troubles des conduites alimentaires a lieu en France le 2 juin visant à promouvoir la prévention et l’information sur ces troubles, ainsi que pour accorder du soutien aux familles.

L’anorexie mentale est un trouble qui doit être traité à l’aide d’un professionnel. Mais les personnes proches de la personne atteinte d’anorexie peuvent naturellement y prendre part. Voici quelques conseils :

  • Communiquer de manière sincère : exprimer ses propres préoccupations à l’égard d’un possible problème alimentaire est un signe d’affection, mais il est nécessaire d’avoir à l’esprit de le faire sans insister sur des éléments extrêmement critiques tels que la forme physique et le poids corporel.
  • Offrir du soutien émotionnel : l’empathie enrichit les relations interpersonnelles, et le fait d’être à l’écoute et d’adopter une attitude sans jugement peut faire la différence.
  • Respecter les limites de la personne : il est difficile d’améliorer la situation en forçant la personne à manger ou à changer son comportement.
  • Adopter une attitude positive à l’égard de la nourriture : éviter de mettre l'accent sur le contenu calorique des aliments ou de les qualifier de « bons » ou « mauvais » peut aider à ne pas aggraver une relation déjà problématique avec la nourriture.

Traitement de l’anorexie mentale

Les options de traitement les plus efficaces peuvent varier en fonction des caractéristiques individuelles du patient. Parmi les plus fréquentes, on trouve généralement :

  • La thérapie nutritionnelle : un régime alimentaire conçu pour gérer l'anorexie mentale sur le plan nutritionnel est utile pour établir un plan d'alimentation équilibré et rétablir des habitudes alimentaires saines.
  • Le parcours psychologique : approfondir les aspects psychologiques et émotionnels du trouble est indispensable pour faire face à l’anorexie mentale. Parmi les diverses approches psychothérapeutiques s’avérant utiles, on cite notamment la thérapie cognitivo-comportementale, qui aide à identifier les pensées, à comprendre et à gérer les émotions douloureuses à l’égard de l’alimentation et du corps ; et la thérapie psychodynamique, focalisée sur les dynamiques psychologiques profondes et irrationnelles liées à l’inconscient.
  • La thérapie médicamenteuse : il est possible d’utiliser des médicaments spécifiques pour traiter les symptômes liés à l’anorexie mentale, mais il faut toujours le faire sous stricte contrôle médicale.
  • Les groupes de soutien : le fait de partager sa propre histoire et d’écouter les expériences d’autres personnes peut s’avérer utile aussi bien pour la personne anorexique que pour les membres de la famille.
  • Les soins intensifs : Selon le stade de la pathologie, une admission ou un suivi dans un hôpital ou un centre spécialisé dans le traitement des troubles du comportement alimentaire (TCA) peut être nécessaire.

Bibliographie

  • [1] J. Arcelus J et al. (2011) Mortality rates in patients with anorexia nervosa and other eating disorders. A meta-analysis of 36 studies, Arch Gen Psychiatry 68(7):724-31
  • [2] C. Mento et al., (2021)  Psychological Impact of Pro-Anorexia and Pro-Eating Disorder Websites on Adolescent Females: A Systematic Review. Int J Environ Res Public Health, 18(4):2186
  • [3] Fox JR, K. Froom, (2009) Eating disorders: a basic emotion perspective, Clin Psychol Psychother, 16(4):328-35
  • [4] P. B. Shih, D. B. Woodside, (2016) Contemporary views on the genetics of anorexia nervosa, European Neuropsychopharmacology, (663-673).

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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