Psychologie de l’enfant

Traumatismes de l’enfance

Traumatismes de l’enfance
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Vincenza Anna Novaco
La Rédaction
Psychologue spécialisée en thérapie systémique-relationnelle
Unobravo
publié le
22.11.2024

Fréquemment, l’on entend parler des traumatismes de l’enfance, parfois de manière inappropriée et sans réfléchir vraiment aux éventuelles causes psychologiques et émotionnelles.

Historiquement, les traumatismes de l’enfance ont toujours existé mais, au fil du temps, ils ont changé dans leurs modalités et les conséquences psychologiques, sociales, relationnelles et émotionnelles. Voici un exemple utile pour illustrer cette notion.

Il y a cinquante ans, le regard de la société était peu tolérant quant à l’idée d’une séparation des parents. De nos jours, cette même situation a évolué considérablement. Alors qu’avant, un enfant avec des parents séparés vivait dans un contexte « discriminant », maintenant, il vit dans un contexte plus accueillant car la situation a été normalisée.

Évidemment, il serait bien de pouvoir dire qu’aujourd’hui ces situations ont des conséquences moins douloureuses, mais ce n’est pas toujours vrai.

Dans la plupart des cas, actuellement, les enfants de parents divorcés disposent de plus d’outils pour reconnaître et affronter la souffrance associée au divorce, par exemple, à travers l’aide de la médiation familiale ou d’un parcours de psychothérapie.

traumatismes de l'enfance
Denafi Sy - Pexels

Que sont les traumatismes de l’enfance ?

Le traumatisme est défini comme un événement qui provoque une réaction émotionnelle en chaîne, qui peut donner lieu à des émotions telles que la frustration, l’impuissance, la colère et le sentiment de culpabilité. Les traumatismes que les enfants rencontrent pendant l’enfance peuvent être définis comme la conséquence psychologique :

  • d’un seul événement imprévu et externe,
  • d’une série d’événements très stressants qui provoquent une sensation d’impuissance, de frustration et d’agitation chez l’enfant.

Traumatisme de l’enfance : les symptômes les plus courants

Les symptômes d’un enfant traumatisé sont divers et varient en fonction du type de traumatisme subi. En général, un traumatisme psychologique de l’enfance présente les symptômes suivants :

  • un état d’agitation et d’hypervigilance,
  • des comportements évitants, tels que l’évitement du contact physique que l’on trouve dans l’haptophobie,
  • des symptômes liés à un trouble dépressif,
  • des troubles du sommeil,
  • des images ou des pensées intrusives liées au traumatisme,
  • des sautes d’humeur,
  • des troubles psychosomatiques et des problèmes physiques soudains,
  • la manifestation ou l’aggravation des phobies et des peurs,
  • des difficultés d’apprentissage,
  • la régression vers des comportements typiques de phases évolutives précédentes,
  • des difficultés relationnelles,
  • des difficultés à commencer des activités nouvelles.
les symptômes des traumatismes de l'enfance
Alexander Dummer Pexels

Types de traumatisme : un possible classement

Les traumatismes varient en fonction de leur nature, de leur intensité, de leur fréquence et de leurs facteurs concomitants. Un classement possible prévoit un regroupement en deux macro-catégories :

  • Les traumatismes aigus comprennent les traumatismes provoqués par un seul épisode traumatique ponctuel, tel qu’un traumatisme provoqué par une agression sexuelle ou un traumatisme psychologique après un accident de circulation.
  • Les traumatismes chroniques comprennent les traumatismes provoqués par des situations ou des épisodes traumatiques répétés au fil du temps, tels qu’un traumatisme provoqué par une humiliation (comme le harcèlement scolaire ou le harcèlement moral au travail) ou des traumatismes de l’enfance liés à des situations d’abus, d’abandon ou de négligence.

Types de traumatismes de l’enfance

La psychiatre Lenore C. Terr, faisant référence particulièrement à l’impact des divers types de traumatismes dans le développement des enfants, propose un autre classement :

  • Les traumatismes de type I : font référence à des événements uniques, circonscrits et généralement imprévus, dont le souvenir est relativement complet et détaillé, et qui d’habitude produisent chez l'enfant des symptômes de répétition, d'évitement, d'hypervigilance, de dispersion et de perceptions erronées de son corps.
  • Les traumatismes de type II : font référence à l’exposition prolongée et répétée à des circonstances extérieures extrêmes, dans lesquelles l'élément de répétition s'accompagne d'un sentiment d'anticipation qui mobilise des stratégies de coping visant à faire face au danger, telles que le déni ou la dissociation. Chez les enfants, elles induisent un engourdissement affectif, de la colère et de l'insensibilité.

Les traumatismes psychologiques de l’enfance peuvent être de diverses natures et présenter divers symptômes. Parmi les traumatismes de l’enfance, on trouve notamment :

  • le traumatisme dû au rejet,
  • le traumatisme dû à l’abandon de la mère,
  • les traumatismes de l’enfance dûs aux parents en conflit,
  • les traumatismes sexuels de l’enfance.

Voici un approfondissement sur ces types de traumatismes de l’enfance.

Blessure du rejet

Le traumatisme dû au rejet ou la blessure du rejet se déclenche lorsque le parent ou la personne qui s’occupe de l’enfant, n’a pas les compétences nécessaires ou n'est peut-être pas disposé à jouer le rôle de figure de référence, qui aurait permis de protéger l’enfant.

Le symptôme le plus significatif de ce type de traumatisme est la contrainte de répétition. On dirait que la douleur évitée à ce moment-là ne disparaît pas, qu’elle essaye constamment de trouver une voie d’échappatoire pour être éprouvée et traitée à nouveau.

Blessure de l’abandon 

Ce type de traumatisme peut être inclus dans le traumatisme d’attachement et peut générer de l’anxiété liée à la possibilité d’être abandonné par une personne importante jusqu’au point d’éprouver ce que l’on connaît comme « syndrome de l’abandon ».

La blessure de l’abandon (par exemple, le traumatisme dû à l’abandon de la mère) a des conséquences telles que l’attachement morbide à une figure de référence, le trouble oppositionnel avec provocation ou les comportements passifs et complaisants.

Une autre conséquence de ce type de traumatisme de l’enfance est la peur d’aimer, l’envie à l’égard d’autres relations, ou la confusion par rapport aux émotions. 

Au contraire de la blessure du rejet, la blessure de l’abandon est associée à la peur angoissée de perdre quelqu’un ou quelque chose, et d’éprouver ainsi une sensation de dispersion et de solitude.

Traumatisme de l'enfance dû à des parents qui se disputent
Timur Weber - Pexels

Traumatisme de l'enfance dû à des parents qui se disputent

Les enfants qui subissent ce type de traumatisme développent un manque de confiance en soi ainsi qu’une insécurité relationnelle et peuvent sembler craintifs. De plus, ces traumatismes alimentent leur peur et peuvent être la cause d’une faible estime de soi. Dans ces cas, les enfants peuvent également avoir été exposés à la violence conjugale, comme témoins directs ou indirects de scènes de violence domestique envers des figures de référence ou affectivement importantes pour eux.

Traumatismes sexuels de l’enfance

De même que toutes les traumatismes de l’enfance, ce type de traumatismes peut également comporter des conséquences chez l’adulte et, certains symptômes peuvent même se manifester pendant l’enfance, notamment :

  • la difficulté ou le rejet à se déshabiller lors des rendez-vous chez le médecin,
  • les dessins et/ou les histoires explicites dans le domaine sexuel inappropriées par rapport à leur âge,
  • les interactions de caractère sexuel avec d’autres personnes inadéquates à leur âge,
  • la masturbation forcée,
  • l’inhibition ou la préoccupation à l’égard des sujets d’ordre sexuel,
  • la mise en œuvre précoce de formes de séduction.

Traumatismes de l’enfance : d’autres exemples

En plus des expériences et des traumatismes de l’enfance déjà mentionnés (tels que la perte de la mère pendant l’enfance), un psychologue ou psychothérapeute, et spécialement un professionnel expert en psychologie de l’enfant, peut prendre en charge les cas liés à d’autres types de traumatismes.

Parmi les exemples de traumatismes de l’enfance, on peut citer ceux provenant de changements de vie significatifs, tel que changer de ville à la suite d’un déménagement. Le traumatisme chez les enfants qui déménagent peut donner lieu à une série de comportements dysfonctionnels ou, au contraire, à une apathie absolue à l’égard du changement. Il est également possible qu’ils manifestent des réactions anxieuses à l’égard d’actions quotidiennes.

On peut également parler des endroits où les enfants devraient se trouver en sécurité mais qui deviennent un synonyme d'expériences traumatiques ou d’horreur, par exemple, en raison de l’exposition à des conflits armés.

les conséquences des traumatismes de l'enfance
Matheus Bertelli - Pexels

Traumatismes de l’enfance non résolus : les conséquences

Les traumatismes de l’enfance ont un impact significatif sur le processus de construction de l’identité personnelle, ou sur le processus spécifique concernant la conscience de soi et la structuration de l’estime de soi.

Le risque le plus important est de développer des problèmes de santé mentale tels qu’un trouble de stress post-traumatique avec une véritable dissociation ou dépersonnalisation, ou des troubles tels que le trouble de la personnalité borderline qui, dans certains cas, peuvent être le résultat pathologique des traumatismes de l’enfance.

Traumatismes de l’enfance et troubles à l’âge adulte

Les adultes victimes d’abus dans l’enfance sont souvent contraints à vivre avec un traumatisme non résolu, qui génère de la confusion à l’égard des émotions : comme si la vie après le traumatisme n’existait pas, comme s’il s’agissait d’une bulle émotionnelle dans laquelle on est enfermé.

Parmi les conséquences les plus fréquentes des traumatismes de l’enfance, on trouve notamment les risques psychophysiques qui se manifestent pendant l’adolescence ou à l’âge adulte, tels que :

  • les maladies respiratoires,
  • les maladies cardiaques,
  • la dépendance aux substances,
  • les problèmes à l’égard de la sexualité,
  • la violence interpersonnelle ou auto-dirigée.

Test sur les traumatismes de l’enfance

On trouve sur Internet divers tests pseudo-psychologiques qui tentent de démontrer la présence du TSPT mais, vu la complexité et l’ampleur d’un possible tableau symptomatique des traumatismes de l’enfance, ce type de test sur le trouble de stress post-traumatique s'avère inefficace. Si on l’estime nécessaire, il est toujours conseillé de s’adresser à un professionnel de la santé mentale.

L’existence de traumatismes de l’enfance peut être évaluée à travers la présence de facteurs spécifiques, à la fois émotionnels et comportementaux, tels que :

  • la difficulté à s’endormir,
  • la difficulté à se concentrer,
  • l’irritabilité ou les accès de colère,
  • la difficulté à maintenir le sommeil,
  • les réponses d’alarme exagérées,
  • l’hypervigilance.

Il est aussi possible de souffrir de nausée et de fatigue. Le but du test est d'évaluer la nature de ces comportements afin de donner au professionnel les outils nécessaires et adéquats pour le suivi thérapeutique.

Sur le plan psychologique, il existe divers tests qui peuvent être utilisés si l’on soupçonne qu’un traumatisme peut être à l’origine du TSPT, notamment :

En revanche, sur le plan physiologique, on trouve des altérations particulières de la réponse biologique au stress à travers l’élévation de la cortisolémie et du niveau des catécholamines urinaires, comme souligné dans le DSM-5.

Traumatismes de l’enfance refoulés

La perte des souvenirs traumatiques est un mécanisme de défense visant à protéger l’enfant du rappel des événements désagréables de sa vie mais qui, en même temps, le condamnent à la « compulsion de répétition ».

Le symptôme principal d’un traumatisme refoulé est la « compulsion de répétition » ou une prédisposition involontaire à reproduire des comportements, des situations relationnelles ou des schémas inadaptés. Le refoulement est justement à l’origine de ce type de comportement.

Comment rappeler un traumatisme refoulé et quelles sont les techniques principales ?

Thomas Ogden, psychanalyste contemporain, soutient que la personne qui opte pour un parcours de psychothérapie peut parfois avoir le sentiment d'être morte à l'âge du développement ou à un stade avancé.

Le désir du patient est de vivre la vie qu’il n’a pas pu vivre. La « mort psychique » donne lieu à des événements effrayants et douloureux (deuil, abandon, violence) que la personne a évités pendant sa vie afin de se protéger face à la possibilité de s’effondrer.

Le cerveau donne ainsi vie à un état psychologique qui inclut les émotions seulement tolérables. De cette façon, la douleur évitée à ce moment-là ne disparaît pas et essaie constamment de trouver une voie pour être vécue et traitée à nouveau.

Les expériences négatives et traumatiques subies pendant l’enfance sont généralement fréquentes, souvent sous-estimées et deviennent tout de même une source principale de malaise.  

Comment surmonter un traumatisme de l’enfance

Afin de traiter les traumatismes, il est nécessaire de traiter l’expérience traumatique pour permettre au patient de réarranger à nouveau sa vie réelle. La psychothérapie est un outil efficace, que ce soit avec un psychologue en présentiel ou un psychologue en ligne. Lors du parcours, il est nécessaire de travailler sur des émotions telles que la colère, le sens de culpabilité, la frustration à l’égard du mal subi et l'humiliation.

Disposer d’un bon réseau social contribue au succès du parcours de soins ; le fait d’avoir vécu une dépression ou de l’anxiété dans le passé ralentit le processus de récupération et le complique en même temps. Il existe diverses approches pour traiter les traumatismes, telles ques :

  • la thérapie comportementale dialectique (DBT),
  • la thérapie narrative,
  • la psychothérapie sensorimotrice,
  • la thérapie à l’aide du EMDR.

Après une ou plusieurs séances d’EMDR, les souvenirs troublants liés à l’événement traumatique perdent leur charge émotionnelle négative. Le changement peut être très rapide, indépendamment des années écoulées depuis l’événement.

Le traitement de l’expérience traumatique par l’EMDR permet au patient de changer de perspective et d’adopter des comportements plus adaptés.

Livres sur les traumatismes de l’enfance

Nous avons parlé des traumatismes de l’enfance, en illustrant les principaux événements traumatiques, la symptomatologie et les causes les plus courantes. Nous concluons notre article, comme d'habitude, par quelques recommandations de lecture, avec une liste de livres sur les traumatismes de l’enfance :

Bibliografia

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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