Santé mentale
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Sentiment d’appartenance pendant les événements sportifs : approche psychologique

Sentiment d’appartenance pendant les événements sportifs : approche psychologique
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La Rédaction
Unobravo
publié le
27.8.2024

En 2024, un grand nombre d’événements et de compétitions sportifs ont (et ont eu) lieu, tels que le Championnat d’Europe de football, l’Open d’Australie, le Roland-Garros, le Tournoi de Wimbledon, le Championnat d’Europe d’athlétisme, les Jeux Olympiques et Paralympiques.

Les événements sportifs s’avèrent comme des occasions d’unité et stimulent le sentiment d’appartenance. Dans cet entretien, nous parlerons de ce sujet avec la psychologue Laura Castellan, collaboratrice chez Unobravo.

sport et sentiment d'appartenance
Jovan Vasiljevic - Unsplash

Le sentiment d’appartenance en psychologie

Le sentiment d’appartenance ne se limite pas à la simple connexion avec un groupe ou une communauté. Il représente la nécessité intrinsèque d’être accepté, reconnu et valorisé par les autres.

Que ce soit de la famille, des amis ou de la société en général, le fait de se sentir membre de quelque chose de plus grande que nous-mêmes offre un soutien émotionnel précieux et peut contribuer à donner une signification à notre vie.

Rédaction : « Quelle est la signification du sentiment d’appartenance en psychologie ? Pouvez-vous nous parler brièvement de cette construction ? »

Laura Castellan : « L’appartenance, en psychologie, est liée à l’attachement que nous expérimentons envers un groupe auquel nous nous sentons membre. Sa force réside dans l’affiliation et la socialisation avec d’autres personnes, et tout comme l’acceptation, il s’agit d’un des besoins fondamentaux des êtres humains.

« En fait, cela ne permet pas seulement la coopération entres les personnes, mais aide également les personnes à nourrir leur estime de soi et à construire leur identité au moyen de la comparaison avec les autres. »

Les bénéfices psychologiques du sentiment d’appartenance

Se sentir membre d’un groupe peut avoir un impact significatif sur le bien-être des personnes.

Rédaction : « Quels sont les bénéfices psychologiques et l’impact sur le bien-être psychique de cette construction ? »

Laura Castellan : « Un fort sentiment d’appartenance aide les personnes à maintenir des relations solides et stables au fil du temps. De plus, lorsque ce besoin fondamental est satisfait et que la personne a l’impression de faire partie d’un groupe avec lequel elle partage des valeurs et des objectifs, son estime de soi s’enrichit et se consolide grâce à l’acceptation des autres.

« Cette construction est associée à des niveaux de stress plus faibles et un niveau de satisfaction et de bonheur plus élevé. Au contraire, l’absence de reconnaissance sociale au sein d’un groupe peut amener les personnes à expérimenter des symptômes de malaise et, parfois, à développer des troubles tels que la dépression ou l’anxiété sociale. »

Sport et sentiment d’unité

Rédaction : « Comment les événements sportifs rapprochent les gens ? »

Laura Castellan : « Les événements sportifs se caractérisent par une dynamique compétitive où des athlètes de différentes nationalités se rencontrent. La théorie de l’identité sociale ou Social Identity Theory (SIT) montre que le fait de s’opposer à d’autres groupes renforce la préférence pour celui dont nous nous sentons membres.

« En fait, nous avons une tendance naturelle à défendre notre entourage car cela nous permet aussi de défendre indirectement notre identité en tant que membres. C’est précisément en raison de cet effet que les domaines de nature compétitive, tels que le sport, ont tendance à renforcer le sentiment d’appartenance : à travers la confrontation avec les représentants d’autres pays, nous avons tendance à renforcer l’image de notre propre groupe. »

sport et sentiment d'unité
Jacopo Marello - Unsplash

Sport et appartenance : l’influence des médias

Par le biais de la couverture médiatique, les histoires sportives sont racontées, interprétées et diffusées dans le monde entier, ce qui contribue à créer une identité collective et une communauté globale.

Rédaction : « Les médias adoptent la fonction du récit collectif : comment l’influencent-ils et comment contribuent-ils à créer une identité collective et une communauté globale ? »

Laura Castellan : « Ce rôle des médias est important : en utilisant le mot “nous” pour faire référence aux athlètes et en ayant recours aux symboles nationaux, tels que les couleurs du drapeau, ils augmentent encore plus le sentiment d’appartenance. »

Ce mécanisme est déclenché par diverses actions :

  • La création et la diffusion d’histoires : les exploits sportifs, les victoires épiques et les défaites dramatiques sont racontées pour toucher émotionnellement les spectateurs, créant ainsi un sentiment de participation partagée.
  • Les icônes et les modèles de référence : les athlètes deviennent des icônes globales grâce à la couverture médiatique, qui vante leurs qualités pas seulement en tant que sportifs mais aussi en tant que personnes. Leur influence va au-delà du terrain de jeu, contribuant à définir des idéaux collectifs et des identités culturelles.
  • Les événements globaux et la connexion : les grandes compétitions sportives, telles que les Jeux Olympiques ou la Coupe du monde de football, se transforment en des événements médiatiques de portée mondiale, suivis par des millions de personnes. La couverture en direct, les commentaires, les analyses et les contenus multimédia créent une expérience partagée qui va au-delà des limites géographiques et culturelles, ce qui favorise un sentiment d’appartenance dans une communauté globale.
  • Le récit de valeurs et de messages sociaux : les médias ont le pouvoir d’utiliser le sport pour transmettre des messages sociaux et promouvoir des valeurs telles que l’inclusion, la diversité et la justice sociale. Au moyen de reportages, de documentaires et de campagnes, ils donnent de la visibilité à des histoires qui abordent diverses thématiques telles que la lutte contre la discrimination, l’émancipation des femmes dans le sport et le soutien de causes humanitaires. Cela contribue à sensibiliser et à rapprocher les gens autour des valeurs mentionnées.
  • L’interaction et la participation active : à travers les réseaux sociaux, les supporters ont l’opportunité d’interagir directement avec les athlètes, les équipes et d’autres passionnés, créant ainsi un réseau global de connexions. Cette participation active renforce le sentiment de communauté et permet de partager des expériences, des opinions et des passions, et de se sentir membre d’un mouvement collectif.

Les supporters

Les supporters sont le cœur et l’âme de tout événement sportif. Leur enthousiasme, leurs chœurs, leurs chorégraphies et leurs célébrations créent un environnement animé et passionné qui motive les athlètes et transforme le sport en une expérience passionnante aussi bien pour les participants que pour les spectateurs.

Rédaction : « Quel est le rôle des supporters dans la culture sportive ? »

Laura Castellan : « Les supporters sont un phénomène souvent motivé par le propre sentiment d’appartenance. En fait, le besoin d’être reconnu et d’être membre d’un groupe fait que nous nous identifions fortement avec les sportifs que nous encourageons et que nous nous sentons très proches d’eux sur le plan émotionnel.

« Cela est également à la base des modalités récentes de jeux et de regroupement des supporters, telles que le football fantastique, qui permettent de renforcer l’identification avec le groupe et le sentiment d’appartenance.

« En outre, les athlètes bénéficient aussi de la présence des supporters : grâce à eux, ils peuvent se sentir représentants d’un groupe (peu importe s’il s’agit d’une équipe ou d’une nation) au lieu de se sentir comme un joueur individuel. Les supporters, lorsqu’ils se comportent de manière saine et appropriée, soutiennent, motivent et encouragent les athlètes et les entraîneurs. »

sport et sentiment d'appartenance aux grands événements sportifs
Solen Feyissa - Unsplash

Les grands événements sportifs touchent tout le monde

Même ceux qui ne suivent pas le sport de manière régulière peuvent se sentir concernés pendant les grands événements sportifs pour diverses raisons. Ces moments ont une capacité unique à franchir les barrières du sport et à devenir des phénomènes sociaux et culturels de grande portée.

Rédaction : « Comment une personne qui ne suit pas le sport peut s’y sentir appartenir pendant les grands événements ? »

Laura Castellan : « Les grands événements, tels que les Jeux Olympiques ou les Coupes du monde, étant donné qu’il s’agit de compétitions entre nations et pas seulement entre équipes, impliquent de manière indirecte toutes les personnes qui habitent dans les pays participants.

« Tandis qu’un match de football entre deux équipes attire principalement les supporters des deux équipes concernées, ces événements à grande échelle attirent la plupart des citoyens d’une nation : dans tous les deux cas, les personnes impliquées sont celles qui se sentent identifiées, c’est-à-dire celles qui se sentent membres du groupe en compétition.

« De plus, l’influence médiatique et la forte présence des supporters fait que même ceux qui ne suivent pas le sport sentent une forte pression sociale pour s’y intéresser. »

La participation passive

Les personnes qui ne participent pas activement ou qui ne sont pas des passionnés du sport peuvent également se sentir impliquées et influencées par les événements sportifs. La socialisation, l’identité collective et la consommation médiatique sont les facteurs contribuant à créer une expérience partagée et un sentiment d’appartenance, indépendamment du niveau d’intérêt que chacun éprouve envers le sport.

Rédaction : « Peut-on parler d’un effet d’environnement social et de “participation passive” ? »

Laura Castellan : « Le grand nombre de supporters et les médias de communication offrent également des stimuli constants liés au sport, aux personnes qui ne le suivent pas. Cela s’avère un rappel constant du fait que notre groupe, c’est-à-dire notre nation, est en compétition avec d’autres : cela active le besoin d’appartenance de tout être humain, voire de ceux qui ne sont pas supporters. Il est probable que ceux-ci ne suivent pas activement le sport, mais ils se sentiront impliqués émotionnellement par les joies et les défaites. » 

Les émotions et le sport
Dylan Freedom - Unsplash

Les émotions qui suscitent les événements sportifs

Rédaction : « Quelles sont les émotions principales liées à la victoire et à la défaite ? Influent-elles sur l’estime de soi et l’identité personnelle ? »

Laura Castellan : « Lorsque l’on remporte la victoire, les supporters ont aussi tendance à se sentir partie prenante du résultat positif. En fait, on a tendance à utiliser le pronom “nous” (nous avons gagné, nous avons bien joué) pour parler de ces objectifs. 

« Cependant, en cas de défaite, outre une tristesse inévitable, dans certains cas la colère fait aussi son apparition, parfois envers ceux qui sont considérés comme l'ennemi (l’adversaire, l’arbitre) et parfois envers nos propres athlètes.

« Dans ce dernier cas, les supporters ont tendance à utiliser le pronom “ils” en lieu de “nous” et ils observent les sportifs en tant que personnes, indépendamment de leurs rôles de représentants du groupe. »

Existe-t-il un sentiment d’appartenance « global » ?

Rédaction : « La globalisation a-t-elle influencé la manière dont on perçoit les événements sportifs ? Considérez-vous que le sentiment d’appartenance global a augmenté ? »

Laura Castellan : « Il s’agit d’une réponse complexe. D’un côté, la globalisation fait que les moments ludiques de rencontre ou de compétition entre nations soient plus faciles et fréquents, ce qui augmente le sentiment d’appartenance à notre pays.

« Néanmoins, d’un autre côté, cela est également accompagnée d’une diminution des différences interculturelles, ce qui a tendance à réduire considérablement l’identification avec notre nation ou notre culture.

« Toutefois, en ce qui concerne l’appartenance au niveau global, elle semble se développer grâce à la globalisation, mais elle est renforcée surtout face à des menaces communes (telles que le Covid pendant la pandémie ou l'urgence climatique). »

Promouvoir le sentiment d’appartenance à travers le sport

Les valeurs transmises par le sport, telles que le fair-play, le respect et l’inclusion, sont fondamentales pour une communauté saine.

Rédaction : « Pourquoi est-il important de promouvoir le sentiment d’appartenance à travers le sport ? »

Laura Castellan : « Le sport permet de renforcer le sentiment d’appartenance, qui répond à un besoin humain fondamental, de manière ludique, amusante et joyeuse. Au contraire, les événements négatifs tels que les guerres — qui ont le même effet, mais présentent des dynamiques violentes —, le sport permet l’affiliation et la coopération en même temps qu’il promeut des valeurs saines telles que l’effort, la persévérance et le travail d’équipe. »

Rédaction : « Comment peut-on participer et contribuer à ce phénomène ? »

Laura Castellan : « Une façon saine d’encourager de la part des supporters, en accord avec les valeurs du sport, est la meilleur manière de contribuer positivement à ce phénomène et d’offrir un exemple positif aux autres. En revanche, encourager de façon agressive, en dénigrant les concurrents ou les personnes autour (comme les arbitres ou les entraîneurs) constitue un obstacle pour la diffusion de valeurs civiques et prosociales. »

Ce contenu est fourni à des fins d'information uniquement et ne peut pas remplacer le diagnostic d'un professionnel. Article révisé par notre rédaction clinique

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